- HOMME
- HOMME«UNE CHOSE est certaine: l’homme n’est pas le plus vieux problème ni le plus constant qui se soit posé au savoir humain [...] L’homme est une invention dont l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine. Si [les dispositions fondamentales du savoir] venaient à disparaître comme elles sont apparues, si par quelque événement [...] elles basculaient, comme le fit au tournant du XVIIIe siècle le sol de la pensée classique, – alors on peut bien parier que l’homme s’effacerait comme à la limite de la mer un visage de sable.» Cette conclusion d’un ouvrage célèbre (Michel Foucault, Les Mots et les Choses , 1966) a sa pertinence: mortel, au sens où Valéry le disait des civilisations, l’homme est scientifiquement un objet nouveau. On savait, au reste, que ce concept métaphysico-empirique n’est pas d’une incontestable universalité, et que sa première limite est de se trouver lié à l’aventure occidentale. Pour l’hindouisme, par exemple, si l’ tman ou principe vital du Soi réside en chaque être humain, il s’identifie en dernière analyse au brahman , c’est-à-dire à la Totalité; et, pour le bouddhisme, il est même, dans la mesure où l’on cherche à l’interpréter comme être individuel, une sorte de piège, une pure illusion dont il importe de se libérer pour entrer dans la voie du salut.D’ailleurs, la notion d’individu, dont Denis de Rougemont attribue la genèse à la triple influence grecque, romaine et médiévale (L’Aventure occidentale de l’homme , Paris, 1957), ne constitue qu’une des voies possibles pour appréhender la condition humaine. Il n’est même pas sûr qu’elle y ait conduit la plupart du temps. Ainsi, l’invention de la personne comme être doué d’un destin temporel irréversible est, par là même, invention de l’histoire, celle-ci jouant d’abord le rôle de «médium de la constitution de l’homme par lui-même» (Eric Weil), mais aussi celui de nouvelle divinité dont l’exaltation peut devenir une aliénation pour l’individu. Cette ambivalence d’un humanisme qui se retourne contre lui-même jalonne également le progrès de la science, dont l’homme occidental a permis l’avènement dès qu’il s’est conçu comme distinct de la nature, mais qui, en faisant de l’être humain un objet scientifique à son tour, le range parmi les choses où il risque de se perdre. C’est une des raisons qui font qu’en atteignant son apogée dans un champ épistémologique nouveau, le concept d’homme pourrait y rencontrer son déclin. De toute façon, il apparaît d’emblée comme éclaté: l’homme n’est pas seulement l’individu, lequel est originairement confronté au désir de l’autre, mais donc aussi l’espèce; pas seulement l’espèce (der Mensch ), mais aussi division en deux genres (en raison de l’acuité de certains débats, un seul a son entrée dans cette encyclopédie [cf. FEMME]); pas seulement raison et esprit, mais aussi corps [cf. CORPS], inconscient et langage; etc.Mais, quel que soit l’objet que d’autres ruptures fixent un jour au savoir, les sciences de l’homme, en tant qu’elles ont «pour objet l’étude des conditions, naturelles et culturelles, des activités humaines» [cf. SCIENCES HUMAINES], garderont leur primauté: la déchirure que leur apparition a introduite dans l’ordre scientifique se présente comme une disposition toute nouvelle, comme le seuil à partir duquel se définit la culture contemporaine. Même si l’homme de la récente épistémé cesse d’apparaître comme le maître de son propre discours, la référence à l’humain se fait partout présente. La géographie et l’écologie, par exemple, en usant du terme d’habitat, ne peuvent plus méconnaître que l’homme, selon l’expression de Georges Canguilhem, «habite une culture et non pas une planète». Avec l’émergence de la biologie, de l’économie, puis de la psychologie, de la sociologie et de la linguistique, avec l’extension de la grille épistémologique à toutes les disciplines, un nouvel esprit scientifique est né pour lequel l’homme est à la fois «ce qu’il faut penser et ce qu’il y a à savoir», et qui fait craquer toutes les spécialités closes au profit de cette synthèse «sous la présidence du point de vue humain» dont rêvait Auguste Comte. L’intérêt sinon pour une telle synthèse du moins pour la référence au paradigme de l’humain se manifeste aujourd’hui à travers l’extension du vocable d’anthropologie à de nombreuses disciplines qui jusque-là ne jugeaient pas utile de souligner qu’elles rencontraient, elles aussi, l’homme. Peut-être cela tient-il, en France notamment, au succès de l’anthropologie proprement dite, selon le sens que le terme avait d’abord chez les Anglo-Saxons, avec une vocation à s’étendre encore et à désigner, dans l’esprit de certains, la première science de l’homme et même la science de l’homme total [cf. ANTHROPOLOGIE].Les disciplines qui ont promu dans la pensée contemporaine de nouvelles formes de cette «philosophie de l’esprit sans cogito » dont parlait Henri Gouhier à propos de Comte et qui semblent parfois menacer le concept d’homme, telles la linguistique et la psychanalyse, sont présentées dans d’autres articles. Cependant, le projet qui les anime est constamment présent à la pensée d’Alphonse De Waelhens qui étudie ci-dessous les conceptions philosophiques de la «réalité humaine» dans sa relation au monde, au corps et au langage, depuis les Grecs jusqu’aux récents courants de l’antihumanisme. Cette contribution fait apparaître d’emblée la difficulté de toute anthropologie générale (ou philosophique, comme on disait naguère), le projet d’une telle réflexion étant pris dans un cercle qui est inhérent à l’existence humaine et qui condamne la recherche à ne trouver qu’au prix d’importantes options préalables un certain équilibre entre la connaissance de l’homme empirique en continuité avec la nature et la connaissance de l’homme aux prises avec l’universalité de la raison.L’autonomie des sciences de la vie a néanmoins permis de se représenter cette explosion du phénomène humain qui, après la longue et obscure genèse reconstituée par la paléontologie, a transfiguré en moins de cinquante millénaires ce que nous appelons notre planète. Ce fait, absolument nouveau dans l’histoire de la biosphère, implique la continuité de l’action de l’homme sur son environnement et sur lui-même, en dépit de l’insaisissable mobilité des types humains. Qu’elles soulignent la diversité ou l’unité des structures et faits humains, les perspectives évoquées ici valent moins comme éclairage sur le problème de l’homme que comme indices vivaces de la nécessité de poser toujours ce problème. Sans doute se tiennent-elles à une prudente distance de la mise en question émanant des sciences à l’entrecroisement desquelles l’homme s’est découvert naturé, c’est-à-dire à la fois soutenu, produit et contenu. Mais cet en-deçà peut symboliser la difficulté qu’il y a à ce que la question de l’homme nous devienne jamais indifférente, quelque part qu’il nous faille faire à la découverte de l’impensé en nous, de la pensée du dehors, et sans doute pour cette raison même.• omme 980; lat. homo, inis→ onI ♦ A ♦ Être (mâle ou femelle) appartenant à l'espèce animale la plus évoluée de la Terre, mammifère primate de la famille des hominidés, seul représentant de son espèce (Homo sapiens;⇒ 2. homo). L'homme est un animal très proche des grands singes. ⇒ anthropoïde, hominoïdes; anthropologie. Principaux caractères spéciaux à l'homme : station verticale, différenciation fonctionnelle des mains et des pieds, masse plus importante du cerveau, langage articulé, intelligence développée, en particulier faculté d'abstraction et de généralisation. Les premiers hommes. Hommes fossiles, espèces disparues, de la famille de l'homme actuel. ⇒ australopithèque, 2. homo, pithécanthrope.♢ Hominien. L'homme de Neandertal, de Cro-Magnon.B ♦ Être humain actuel considéré comme un être social. ⇒ femme; individu, 1. personne; quidam (cf. infra II). « L'homme est l'avenir de l'homme » ( Ponge). « L'existence précède l'essence. Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit ensuite » (Sartre). « Où sont les hommes ? reprit le petit prince. On est un peu seul dans le désert... — On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent » (Saint-Exupéry). — Collect. Les hommes ou l'homme. ⇒ humanité. Sciences de l'homme. ⇒ humain. « Certes, c'est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l'homme » (Montaigne). — Les droits de l'homme. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, de 1789.— L'homme de la rue. Le commun des hommes. ⇒ foule, 1. gens, vulgaire. Aucun homme. ⇒ 2. personne. Chaque homme. ⇒ chacun; on. Un homme à la mer ! — L'homme est un loup pour l'homme. L'exploitation de l'homme par l'homme. — Prendre Le Pirée (nom d'un port) pour un homme. ⇒ quelqu'un. — Les dieux et les hommes. ⇒ créature, mortel; âme, esprit.♢ Relig. chrét. Le Fils de l'homme : le Christ. Le fils de Dieu s'est fait homme (⇒ incarnation) . — Loc. Vx Dépouiller le vieil homme : abandonner des habitudes de péché.C ♦ Spécialt (rare en parlant d'une femme; cf. ci-dessous II )1 ♦ L'homme considéré dans ses qualités. Être digne du nom d'homme. « On n'est pas un homme tant qu'on n'a pas trouvé quelque chose pour quoi on accepterait de mourir » (Sartre).2 ♦ L'homme considéré dans ses faiblesses. Ce n'est qu'un homme. « J'ai le cœur aussi bon, mais enfin je suis homme » (P. Corneille). « Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme » (Molière).3 ♦ Humain, personne humaine (par opposition à la fonction, au rang). « On s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme » (Pascal ).II ♦ Être humain mâle.1 ♦ (Dans tous les âges de la vie) ⇒ garçon, mâle, masculin; andro-, vir-. Caractères sexuels de l'homme. Homme dans l'enfance, l'adolescence. ⇒ adolescent, enfant, garçon. Vieil homme. ⇒ vieillard, vieux.2 ♦ Être humain mâle et adulte. ⇒ monsieur; fam. bonhomme, gars, mec, type. Un homme fait : un adulte. L'âge d'homme. « Au retour de l'école, après avoir joué l'homme à la maison, planté un clou, soulevé quelque faix pesant » (S. Schwarz-Bart). Vêtements d'hommes. Rayon homme d'un grand magasin. — Homme vierge (⇒ puceau) . Homme impuissant, viril. Homme célibataire (⇒ garçon) , marié (⇒ époux, mari) , qui a des enfants (⇒ père) . Bel homme (⇒ apollon) ; homme fort (⇒ hercule) . Homme à la mode, affecté (⇒ dandy, minet, play-boy) . Galant homme. Homme à femmes, qui recherche les conquêtes féminines (⇒ don Juan, séducteur) . Homme entretenu (⇒ gigolo) , qui vit de la prostitution (⇒ prostitué; proxénète, souteneur) . Homme qui méprise les femmes (⇒ macho) , pratique le harcèlement sexuel (⇒ phallocrate, sexiste) , viole (⇒ violeur) . — Homme qui a plusieurs femmes (⇒ polygame) . Homme attiré par les hommes (⇒ homosexuel) , habillé en femme (⇒ 1. travesti) . Homme qui a changé de sexe. ⇒ transsexuel.♢ Être humain mâle, considéré en tant qu'adulte responsable, courageux, fort. Sors, si t'es un homme (pour te battre). Ne pleure pas ! sois un homme ! « Chez nous, dans les grands jours, les enfants sont des hommes » (Hugo). Parole d'homme. Loc. D'HOMME À HOMME : directement, en toute franchise et sans intermédiaire.♢ Être humain mâle adulte, caractérisé par une qualité ou par sa fonction. — (Qualifié) Un brave homme. Saint homme. Honnête homme. Grand homme : homme remarquable, célèbre. Homme public, politique. — Homme de (et subst.). Homme d'action. Homme de bien. Homme de mérite. Homme de confiance. Vieilli Homme de peu. Homme de poids, important. Homme de génie. Homme d'esprit. Homme de goût. Anciennt Homme de qualité, de condition. ⇒ gentilhomme, grand, noble. — Homme du monde. Homme du peuple. — Homme d'État. Homme de loi : magistrat, avocat, juriste. Homme d'affaires, qui fait des affaires. Homme d'Église : ecclésiastique. Homme de lettres : écrivain. Homme de l'art. — Homme de guerre : guerrier, militaire. Homme de troupe. Homme de mer : marin, matelot. Homme d'équipage, de quart, de barre, de vigie. Homme de peine : domestique, manœuvre. (1972) Homme de ménage : homme qui fait des travaux de ménage. — Homme de paille. Homme de main.♢ (Dans une situation donnée) C'est l'homme du jour, celui dont on parle. L'homme de la situation. — Loc. ÊTRE UN HOMME À...; ÊTRE HOMME À... : être capable de, être du genre à. « On voyait qu'il était homme à soutenir son dire » (Stendhal). — Être l'homme de... : être apte à... « Il n'était pas l'homme d'un travail régulier, monotone et contraignant » (Tournier).♢ L'homme dont il est question; auquel on a affaire. Voici l'homme, paroles par lesquelles Pilate présenta le Christ à la foule. (Précédé d'un poss.) Voilà mon homme. « Sûr de tuer son homme, et de n'être point tué » (Molière). Région. Alors, notre homme s'avança. — Spécialt Mari ou amant. « Je connais des femmes, leurs hommes, ils s'arrangent, ils font de l'arnaque au marché noir » (Aymé) . ⇒Fam. bonhomme, jules, mec. — L'homme qui convient, dont on a besoin. Le parti a trouvé son homme. — Spécialt Homme qui fait ce qu'on réclame de lui. Je suis votre homme. « Rendez-lui service, soyez son homme » (Balzac).♢ (En appellatif) Vx L'homme ! appellation condescendante à l'égard d'un homme du peuple. — REM. Appellatifs adressés aux hommes. ⇒ camarade, citoyen, monsieur; docteur, maître...; fam. mec.3 ♦ Individu considéré comme dépendant d'un autre, sous son autorité.♢ Féod. Homme lige. ⇒ vassal. « Harold s'était donc fait l'homme de Guillaume » (Michelet). Un serment liait l'homme au seigneur. ⇒ hommage.♢ Exécutant, militaire ou civil, dans une hiérarchie, une équipe. Trente mille hommes en bataille rangée. ⇒ soldat. Le caporal et ses hommes. « La salle de police des “hommes” est pleine. On va vous mettre dans la salle des sous-officiers » (Allais). Chef de chantier et ses hommes. ⇒ ouvrier. — Loc. COMME UN SEUL HOMME : avec un ensemble parfait. Agir comme un seul homme.III ♦ JEUNE HOMME.1 ♦ Homme jeune. Un vieillard n'a plus des jambes de jeune homme. Littér. Des jeunes hommes. « Suzanne et les jeunes hommes », roman de Duhamel.2 ♦ Cour. Garçon pubère, homme jeune célibataire. ⇒ adolescent, garçon, fam. gars. Un jeune homme, une jeune fille (plur. jeunes gens). Un tout jeune homme, qui sort à peine de l'enfance. Un beau jeune homme. ⇒ adonis, éphèbe. Un grand jeune homme. « Le jeune homme est souvent sot et timide » (Romains).♢ Pop. ⇒ fils. Votre jeune homme.♢ Fam. (pour nommer, appeler un enfant, un adolescent trop jeune pour qu'on lui dise « Monsieur ») ⇒ petit. Que veut ce jeune homme ? Eh, jeune homme, vous pourriez dire merci !⊗ CONTR. Femme.Synonymes :- individuhommen. m.d1./d être humain. L'homme, le plus évolué des êtres vivants, appartient à la classe des mammifères, à l'ordre des primates, à la famille des hominidés et à l'espèce "Homo sapiens sapiens".d2./d être humain de sexe masculin. Les caractéristiques qui différencient l'homme de la femme. Un homme âgé. Syn. (Polynésie fr.) tane.|| (En tant que dépositaire des valeurs traditionnellement considérées comme spécifiquement masculines.) être, se montrer un homme, énergique, courageux.|| Pop. (Avec le possessif.) Amant, mari. C'est mon homme.d3./d être humain de sexe masculin et adulte. Ce n'est plus un enfant, c'est un jeune homme. Un homme bien bâti, musclé, malingre. Un bel homme. Syn. (Polynésie fr.) tane.— Loc. Homme à femmes, qui a des succès féminins.d4./d Homme de, suivi d'un nom, pour indiquer l'état, la profession, les qualités, les défauts d'un individu. Homme de lettres: écrivain. Homme d'état: membre d'un gouvernement. Homme de loi: magistrat, avocat. Homme d'affaires, qui s'occupe d'entreprises commerciales. Homme de mer: marin. Homme de troupe: militaire qui n'est ni officier ni sous-officier. Homme de coeur, généreux. Homme de confiance, à qui l'on confie des missions délicates. Homme de parole, qui respecte ses engagements. Homme d'intérieur, qui aime rester chez lui. Homme de peu, digne de mépris. Homme de paille: prête-nom. Homme de main.— (Réunion) Homme de cour: employé qui cumule les fonctions de gardien, de jardinier, et assure différents services domestiques.d5./d Loc. être (un) homme à (+ inf.), capable de. Il est homme à se venger.— Comme un seul homme: tous ensemble.⇒HOMME, subst. masc.I. — [Avec un déterm. de la généralité; ou bien sans art., ou encore au plur.] Être appartenant à l'espèce animale la plus développée, sans considération de sexe.A. — BIOL. Mammifère de l'ordre des Primates, seule espèce vivante des Hominidés, caractérisé par son cerveau volumineux, sa station verticale, ses mains préhensiles et par une intelligence douée de facultés d'abstraction, de généralisation, et capable d'engendrer le langage articulé. Dans l'homme et dans la plupart des mammifères (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 386) :• 1. De même, chez l'homme toutes les fonctions de l'animal se retrouvent, mais transformées. L'antique définition, répétée de siècle en siècle : l'homme [it. ds le texte] est un animal raisonnable, ne doit donc pas être entendue comme si l'on disait que l'homme est un animal, plus la raison, mais en ce sens que l'homme est un animal transformé par la raison.P. LEROUX, Humanité, t. 1, 1840, p. 111.• 2. ... comme tout animal supérieur, l'homme est un agrégat de plusieurs trillions de cellules, dont chacune représente un assemblage de molécules diverses. (...). En ce qui concerne la pensée, orgueil principal de l'homme, les pièces maîtresses de l'architecture biologique sont constituées par les cellules de l'écorce cérébrale.J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 199.B. — [L'homme est identifié par des caractéristiques qui le distinguent des autres espèces et le situent par rapport à elles] Il faut aussi connoître les lois et les forces de l'univers pour étudier l'homme sous tous les rapports (STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 94). L'homme n'est l'homme qu'à sa surface (VALÉRY, Tel quel I, 1941, p. 196) :• 3. ... le docteur Rodrigue a pris le terme d'« homme » dans son sens générique, considérant l'espèce humaine tout entière, abstraction faite du sexe...A. FRANCE, Chemise, 1909, p. 199.SYNT. Nature, essence, psychologie de l'homme; condition de l'homme; l'homme charnel, intérieur, moral, spirituel.1. [Considéré dans son aspect phys.] L'étude de l'homme physique est également intéressante pour le médecin et pour le moraliste (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 111).SYNT. Anatomie, corps, étude, représentation de l'homme; fonctions physiologiques de l'homme.2. [Considéré dans son aspect morphol.] En faisant bien expliquer aux petits Namaquois que tu es l'homme blanc (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 13) :• 4. À l'époque où, chez nous, Corneille donne Le Cid, les hommes rouges, Algonquins ou Mohawks, pénètrent parfois dans Broadway pour y massacrer les habitants.MORAND, New-York, 1930, p. 12.SYNT. L'homme blanc, noir, métis; l'homme de couleur, l'homme de race jaune, rouge.3. [Considéré dans son milieu géogr.] L'homme du Midi, placé comme le roi de l'univers sous le magnifique dais d'un ciel toujours pur et serein (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 202) :• 5. L'homme des villes ne voit qu'insensibilité dans cet amortissement du cœur : il porte cependant, sous une primitivité incontestable, une vision des choses moins individualiste que la sienne [l'homme de la campagne], une mise en place cosmique plus ou moins confuse des événements privés qui affermissent l'égocentrisme bourgeois.MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 84.SYNT. L'homme du Nord, de l'Est; l'homme de la montagne, de la plaine, de la campagne; l'homme de la cité.4. [Considéré comme un être social] La société des hommes; sous le regard des hommes. Aux yeux des Dieux et des hommes (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 264). Être un homme parmi les hommes, lié aux hommes (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 208) :• 6. La politique prit le pas sur la religion, et le gouvernement des hommes devint chose humaine.FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864p. 416.♦ De mémoire d'homme. Une grande diablesse de jument, si haute que de mémoire d'homme personne ne se souvient d'avoir vu la pareille (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1539).♦ Droits de l'homme. V. droit3 II A 1c spéc.♦ De main d'homme. La désagrégation des grès a engendré ses fantaisies pittoresques, qu'on prendrait de loin pour des constructions faites de main d'homme (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 189).♦ Exploitation de l'homme par l'homme.5. [Considéré dans sa nature morale, dans ses qualités ou ses défauts] Tout le monde peut faire la guerre. C'est le propre de l'homme (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 476) :• 7. As-tu calculé les degrés de l'homme? Vois son échelle : L'homme inique, l'homme dépravé, l'homme sensuel, l'homme sensitif, l'homme sensible, l'homme moral, l'homme spirituel, l'homme sapientiel, l'homme divin.SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 337, 338.a) [L'homme est considéré dans sa grandeur et dans ses limites à l'intérieur de l'univers] Cet infiniment petit qui s'appelle l'homme (AMIEL, Journal, 1866, p. 216) :• 8. ... c'est de là qu'il [Pascal] est parti pour montrer la misère de l'homme par son côté périssable, et sa grandeur par son côté immortel. Il commence par le ravaler au-dessous des vers qui le rongent au sépulcre, pour le peindre ensuite glorieux avec la vertu dans des royaumes incorruptibles.CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 127.♦ Être un homme; être homme; porter le nom d'homme. Assumer sa condition d'homme dans sa grandeur et ses limites. Je t'ai appris qu'un menteur était indigne de la qualité d'homme (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 46). Rougissais-tu de ce nom d'homme (LAMART., Harm., 1830, p. 444) :• 9. Être homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi.SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 166.b) [Déterminé par le nom d'un philosophe ayant sa propre conception de l'homme] Les chapitres tant vantés sur l'homme de Pascal (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1832, p. 139).c) [P. oppos. à l'individu civil, professionnel] L'individu humain. Dans l'homme d'affaires, retrouver l'homme (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 269). Montherlant — l'homme Montherlant (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 199) :• 10. Mais il ne me semblait pas pouvoir distinguer l'homme sous le prêtre : mon caractère sacerdotal l'attirait seul.MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 537.d) [Dans une perspective religieuse] L'homme ne pourra être guéri de son péché que lorsqu'il sera délivré de son soupçon quant à la méchanceté de Dieu (Philos., Relig., 1957, p. 40-2) :• 11. ... Dieu puissant (...), tu m'as fait homme; tu m'as donné ta vie de force...MUSSET ds Revue des Deux Mondes, 1832, p. 365.— [P. allus. à Paul, Rom. 6, Éph. 4] Dépouiller le vieil homme. Renoncer à sa vie de pécheur. Le baptême efface les péchés, nous dépouille du vieil homme, nous revêt de Jésus-Christ et nous régénère (Dict. théol. cath., t. 14, 1, 1938, p. 515).— L'homme propose, Dieu dispose.— [P. allus. à Jean 19,5] Voici l'homme ou ecce homo. Voici celui dont il était question (d'apr. REY-CHANTR. Expr. 1979).6. [Considéré dans son histoire, dans son développement ou défini par sa situation dans l'histoire]a) [Considéré dans une perspective évolutionniste] L'homme des cavernes (...) plaque sa main sur la paroi (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 106). L'homme du paléolithique supérieur a dû passer par une phase pré-hominienne puis par une phase néanderthaloïde (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 222) :• 12. ... l'extension inévitable de la théorie [évolutionniste] à l'origine de l'homme irritait le monde religieux. Des controverses passionnées et violentes se déchaînèrent; à l'évêque anglican Wilberforce qui affirmait l'origine divine de l'homme, Huxley répondait qu'il préférait « être un singe perfectionné, plutôt qu'un Adam dégénéré ».Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 547.SYNT. Apparition, évolution, origine de l'homme; musée de l'homme; l'homme antédiluvien, fossile, préhistorique, primitif; l'homme de Cro-Magnon, de Grimaldi, de Néanderthal.b) [Considéré dans une perspective relig.] Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 261) :• 13. Cet homme-humanité, émana d'abord de la pensée divine homme [it. ds le texte] et femme à la fois, réunissant dans son unité les deux principes : « Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur toute la terre. Dieu donc créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu : il les créa mâle et femelle. » Voilà l'homme androgyne, comme le sont encore certains êtres.P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 525.♦ Le premier homme. Adam. Lorsque le Tout-Puissant eut formé le premier homme du limon de la terre (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 157). L'Éternel interdisant au premier homme de manger du fruit d'un certain arbre (Gen., II, 17) (Philos., Relig., 1957, p. 32-5).— [Dans le mystère de l'Incarnation] Le fils de l'homme; Dieu fait homme. Jésus-Christ. Et l'on verra tomber du front du fils de l'homme La couronne de sang symbole du malheur (ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 34). Dieu, qui s'était fait homme, n'aurait pas honte de cette supplique (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 192). V. homme-Dieu, s.v. homme-.c) [Considéré dans sa situation dans l'histoire] L'homme moderne est en progrès (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 190). Les hommes de notre temps vivent dans un grand désarroi et dans une grande attente (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 12) :• 14. L'homme nouveau peut différer de l'homme bourgeois autant que l'homme bourgeois lui-même diffère du héros de la Renaissance ou du fidèle du temps de Saint Ferdinand de Castille ou de Saint Louis, que dis-je, autant, si l'on y tient, que le civilisé de l'Europe ou de la Chine diffère du nomade primitif.MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 103.SYNT. L'homme d'hier, d'aujourd'hui, de demain; l'homme sauvage, civilisé; l'homme du Moyen Âge, des temps modernes, du XXe siècle.C. — [Avec un déterm. plur. à valeur référentielle] Membre de l'espèce humaine. Nantes trafique des hommes (MICHELET, Journal, 1831, p. 96) :• 15. Vous détruisez un enseignement traditionnel. Cinquante générations de notre pays, des millions d'hommes encore, ont subi cette formation.BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906, p. 56.II. — Mâle adulte de l'espèce humaine.A. — [Avec valeur de généralité, s'oppose à femme]1. Être humain doué de caractères sexuels masculins. Caractères biologiques, physiologiques de l'homme. Beau comme le vice de conformation congénital des organes sexuels de l'homme (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 339). Il ne savait rien, pas même si c'était un homme ou une femme (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 146) :• 16. Moi, je n'aurais pas détesté d'être archevêque. Si j'étais née homme, je serais peut-être archevêque.ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 42.a) [L'homme se distingue dans son corps] Ce visage épais d'homme durci aux travaux des mines (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1291).♦ À dos d'homme.♦ À la taille d'un homme, à hauteur d'homme, d'une grandeur d'homme. C'était une espèce de lit de pierre creusé au ciseau dans le roc vif, à la taille d'un homme (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 412). J'écrasai le ver luisant. Sa tête s'enfonça sous le sol d'une grandeur d'homme; la pierre rebondit jusqu'à la hauteur de six églises (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869p. 131) :• 17. ... ils distinguèrent à hauteur d'homme, contre la falaise, des contours qui figuraient le galbe d'un poisson gigantesque. Ils délibérèrent sur les moyens de l'obtenir.FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 86.SYNT. Homme barbu, musclé, poilu, taillé en Hercule; bras, corps, épaule, tête, visage, voix d'homme.b) [L'homme se distingue dans son habillement] Habiller, vêtir qqn en homme. Elle a revêtu des habits d'homme et s'est enfuie à pied sur la route de Paris (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 242). Elle (...) va chercher un complet d'homme pendu dans un placard (SARTRE, Mains sales, 1948, 3e tabl., 1, p. 57).c) [L'homme se distingue dans sa maturité sexuelle] :• 18. J'ai dit, il y a un siècle, que j'aimais trouver un peu partout tes petites affaires d'enfant. Un jour je me suis aperçue que ces affaires qui traînaient étaient des chaussettes d'homme, des caleçons d'homme, des chemises d'homme. Ma chambre avait pris un air de chambre de crime.COCTEAU, Parents terr., 1938, I, 4, p. 205.• 19. LA GOUVERNANTE : De toi le mariage saura faire une femme. ALARICA : Fera-t-il un homme de mon époux? LA GOUVERNANTE : Même puceau, un homme est un homme, même puceau, même tout seul. Mais une femme n'est entière qu'autant qu'elle est une moitié.AUDIBERTI, Mal court, 1947, I, p. 136.— Pop. [Précédé d'un adj. poss.] Mari, compagnon, concubin, amant. — Mon homme? Il doit être aux champs (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 25). Elle attendit respectueusement que son homme voulût bien s'expliquer davantage (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 70).— Arg. Souteneur (DELVAU 1883).d) [L'homme se distingue dans les qualités phys. ou mor. traditionnellement attachées à son sexe] — Voilà ce que j'appelle un homme, dit Genestas (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 138). Ce n'étaient plus les vaches qu'on allait combattre, mais les taureaux magnanimes : adversaires enfin dignes d'un homme (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 412) :• 20. Par ces raisons tous les hommes dignes du nom d'hommes courent à la guerre au premier appel, quelle que soit leur opinion sur la guerre.ALAIN, Propos, 1921, p. 192.♦ Être un homme; être homme. Être digne du nom d'homme. — Allons, vieux Bark, va et sois un homme (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 206). Va-t'en. Tu me dégoûtes. Tu n'es pas un homme (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 47).♦ Vivre, mourir en hommes. Et tous, ils moururent en hommes! (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 554). Maman décida de le « traiter en homme » (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 73).♦ Entre hommes. Alors, entre hommes, on causa du mariage (ZOLA, Nana, 1880, p. 1423).♦ D'homme à homme. [Dans une explication franche] Je viens vous parler d'homme à homme (BERNANOS, Sous soleil Satan, 1926, p. 62).♦ Homme (du milieu) (arg.). Homme en marge de la loi, courageux et fidèle à sa parole. Anton. cave. L'artiche des caves, m'expliqua Doudou le Nantais, c'est pour Messieurs les Hommes! (Pt Simonin ill., 1957).♦ Homme à femmes. Homme volage, qui recherche les conquêtes féminines. Je te vois d'ici deux ans, rougeaud, courtaud, avec une dilatation d'estomac, de grosses fesses, double menton, une petite moustache de commis voyageur et des joues soufflées, salies de poil. Bref, un vrai homme à femmes. Et je te répète que ça viendra très vite (M. AYMÉ, Travelingue, p. 139 ds REY-CHANTR. Expr. 1979).SYNT. Homme courageux, fort, intrépide, loyal; parole, affaire, métier d'homme.2. [S'oppose à femme et à enfant] Les convictions austères que l'expérience apporte un jour à l'enfant qui s'est fait homme (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 151). Il était devenu homme, virilisé par la bataille (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 436) :• 21. Nous étions des enfants alors, — aujourd'hui des hommes faits, — demain... la vieillesse, — après-demain, mourir.LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 152.SYNT. Homme adulte, mûr; l'âge d'homme; devenir (un) homme.3. Jeune hommea) Vieilli [Le plur. corresp. est jeunes hommes] Homme jeune. La lamentation d'amour de tous ces jeunes hommes (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 73) :• 22. Et les jeunes hommes musculeux, et les jolies filles souples, la chemise nouée au col et les bras nus, faisaient sauter le grain avec de beaux gestes équilibrés.PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 145.b) [Le plur. corresp. est jeunes gens; le fém. corresp. est jeune fille] Garçon pubère, homme jeune célibataire. Le serrement de main d'un jeune homme et d'une jeune fille qui dansent ensemble (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 32). C'est qu'une femme — oui, c'était une voix de femme ou de très jeune homme peut-être — a appelé au secours, cette nuit, vers deux heures (BERNANOS, Crime, 1935, p. 767) :• 23. Au pied d'un arbre vint s'asseoirUn jeune homme vêtu de noir,Qui me ressemblait comme un frère,Je lui demandai mon chemin.Il tenait un luth d'une main,De l'autre un bouquet d'églantine.MUSSET, Nuit de déc., 1835, p. 92.c) Pop. [Déterminé par un poss.] Fils. Il dit que votre jeune homme court un danger (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 439).d) [Le fém. corresp. est mademoiselle ou demoiselle; en partic., dans des interpellations adressées à des adolescents et parfois ressenties comme condescendantes] J'ai soixante-dix-neuf ans, jeune homme, permettez-moi de vous appeler ainsi (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 249).B. — [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif, homme s'oppose à d'autres hommes]1. [Distingué par des particularités physiques] Grand homme de trente-cinq ans, l'air plus triste que dur (MICHELET, Journal, 1834, p. 150). Un gros homme de quarante ans (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 404) :• 24. L'abbé Cruchot, petit homme dodu, grassouillet, à perruque rousse et plate, à figure de vieille femme joueuse, dit en avançant ses pieds bien chaussés dans de forts souliers à agrafes d'argent : « Les Des Grassins ne sont pas venus? »BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 41.SYNT. Bel, vieil homme; homme blond, brun, fort, maigre, malingre, svelte.2. [Distingué dans son caractère, ses qualités ou ses défauts] Dimanche je serai un homme marié et ce n'est pas drôle (CAMUS, Possédés, 1959, 1re part., 4e tabl., p. 969) :• 25. Oh! les hommes supérieurs! Hommes d'action! Hommes de pensée! Ceux-là, menés par les hasards des événements, des combats et des intrigues, tués ou déchus brusquement, au gré du sort aveugle; et ceux-ci, ceux-ci, étranges fous qui se croient les créateurs de l'éternité!...ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 216.SYNT. Bon, brave, galant, malhonnête, méchant, pauvre, saint homme; homme célèbre, cultivé, estimable, honorable; homme intègre, probe, respectable, vertueux; homme à passions; homme de bien, d'esprit, de génie, de goût, d'honneur, d'apparence; grand homme; honnête homme; homme public, supérieur, du monde, d'argent, de peu, de qualité, de rien.— Expressions♦ Homme moyen, homme de la rue. Individu représentatif du type humain (à une certaine époque ou dans un certain lieu). C'est monsieur tout le monde, l'homme de la rue, le parfait citoyen de la démocratie, celui qui s'habille en série, mange en série, baise en série, a une petite 5 HP de série et ne se distingue et ne se particularise en rien (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 210).♦ Homme à tout faire. Volat était un des métayers de Tancogne, et son homme à tout faire, son espion, un chacun s'en doutait (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 24).♦ Homme de confiance. Homme qui, bénéficiant de la confiance de quelqu'un, est chargé par lui de tâches, de responsabilités. Vous serez ici mon homme de confiance. Vous louerez, vous recevrez les loyers, vous donnerez les quittances, etc. (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 233).♦ L'homme de la vie (de qqn). Le seul homme que quelqu'un aimera jamais. J'ai rencontré l'homme de ma vie (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 96).♦ Homme de paille. Prête-nom. Le Claperon, reprit Desroches, fut pendant six à sept ans le paravent, l'homme de paille, le bouc émissaire de deux de nos amis, Du Tillet et Nucingen (BALZAC, Homme d'affaires, 1845, p. 405).♦ Homme de parole. Homme fidèle à ses serments, qui tient sa parole. J'ai voulu prouver que Luigi Vampa est un homme de parole (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 547).3. [Distingué par son orig., son appartenance à une époque, une classe soc.] Soudain un cri : « Un homme blanc! Un homme blanc » (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 285). Les hommes du peuple avaient un genou en terre pour prier (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 214) :• 26. Cinquante années de misère l'avaient émacié, mais les traits étaient demeurés droits et fins, et la barbe encore blonde l'allongeait noblement et donnait à Gilbert Cloquet l'air d'un homme du Nord, Scandinave ou Normand, descendu parmi les herbages et les forêts du centre.R. BAZIN, Blé, 1907, p. 10.♦ L'homme du jour. L'homme célèbre, l'homme dont on parle. Il semble ici qu'on vit dans l'histoire. Tout est plus fort que l'homme du jour (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 265).♦ POL. Homme de droite, de gauche. Homme qui se situe à droite, à gauche. Lorsqu'on demande si la coupure entre hommes de droite et hommes de gauche a encore un sens, la première idée qui me vient est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche (Le Nouvel Observateur, 30 mars au 5 avr. 1981, p. 34).4. [Distingué par ses activités] Un très habile homme de mer (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 287). L'homme de loi ne m'avait pas trompé (BECQUE, Corbeaux, 1882, IV, 1, p. 213) :• 27. Dès que Malraux ouvre la bouche, son magnétisme faiblit. (...). Les images qu'il invente, au lieu de réchauffer son discours, le glacent : elles sont trop compliquées, on y sent la mise au point laborieuse de l'homme de lettres.MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 202.SYNT. Homme d'affaires, d'armes, d'état, d'église, d'équipage, de Dieu, d'équipe, de sciences, de théâtre, de ronde, de peine, de corvée, de cheval, d'épée, de guerre; homme de l'art, de cour.♦ Homme de barre. Homme qui tient la barre d'un bateau. L'homme de barre fut immédiatement remplacé par un de ses camarades, et les avirons plongèrent vivement dans l'eau (VERNE, Île myst., 1874, p. 443).♦ Homme de métier. Spécialiste, homme qui connaît très bien une certaine discipline. Seuls des hommes de métier peuvent y correspondre (Serv. milit. et réf. armée, 1963, p. 71).♦ Homme de main. Celui qui est au service d'autrui pour exécuter des tâches généralement répréhensibles ou illégales. Bien dirigé, il peut servir d'homme de main pour toutes les besognes (SARTRE, Mains sales, 1948, 1er tabl., 3, p. 29).5. Individu qui est considéré comme dépendant d'un autre, qui est placé sous son autorité.a) [Dans la hiérarchie féodale] Homme(-)lige. Vassal, homme qui a prêté serment à un suzerain. Je suis ton homme lige, et, toujours, n'importe où, je te suivrai, mon maître, et j'aimerai ta chaîne, et je la porterai (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 495).— P. anal. Elle était mon homme lige, mon second, mon double : nous ne pouvions pas nous passer l'une de l'autre (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 45).b) [Dans la hiérarchie milit.] Soldat qui est placé sous l'autorité d'un supérieur. Homme de troupe; homme d'infanterie. Les hommes étaient abrutis de fatigue (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 40).♦ Il faut (faudrait) quatre hommes et un caporal pour (faire) qqc. Il faut (faudrait) employer la force pour (faire) quelque chose. Ah! Il vous aurait fait secouer ça par quatre hommes et un caporal (BALZAC, Illus. perdues, 1844, p. 258).— Soldat, combattant gradé ou non :• 28. ... Quant aux pertes bolcheviques en hommes, le 13 février, dans ce secteur, elles ont été de l'ordre de mille, alors que les Allemands ne perdaient que onze hommes en tout et pour tout!GIDE, Journal, 1943, p. 194.♦ Lutter, combattre jusqu'au dernier homme. Lutter, combattre jusqu'au bout, jusqu'à l'épuisement des ressources en hommes, jusqu'à la dernière cartouche. Les armées de l'Axe ont lutté jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière cartouche, dans une ultime résistance héroïque (GIDE, Journal, 1943p. 239).♦ Comme un seul homme. En même temps, avec un ensemble parfait. Les Russes se mirent au garde à vous comme un seul homme (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 181).Au fig. D'un commun accord. « Vous croyez que les socialistes voteront les crédits de défense nationale? » — « Comme un seul homme, Monsieur! » s'écrie le Belge, terrassant son interlocuteur d'un regard flambant de défi (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 693).c) [Dans la hiérarchie civile] Individu agissant au sein d'une équipe, d'une entreprise, au service de quelqu'un. Les chefs conservateurs (...) avaient défendu à leurs hommes de venir en ville (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 143).C. — [Avec un déterm. sing. ou plur. à valeur référencielle] Individu mâle. Un homme entra, l'homme entra. Le vieil homme coyote représente dans la mythologie des Crow ce curieux mélange (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 223) :• 29. ... un homme et deux fillettes, tous les trois tombés sur le sol de fatigue et de misère, sanglotaient, ne sachant où aller, ayant vu là s'envoler en cendre tout ce qu'ils possédaient.ZOLA, Débâcle, 1892, p. 417.D. — Dans diverses loc.1. [Homme en fonction d'attribut] Être l'homme de qqn; être son homme. Être l'homme auquel on peut se fier, avec lequel on a accepté un marché, un défi. Si tu veux que je le tue... Je suis ton homme (LENORMAND, Simoun, 1921, 7e tabl., p. 69).2. [Précédé d'un adj. poss.; homme en fonction de compl. d'un verbe]a) L'homme dont on parle, dont il est question. Et je le mène, et je domine mon homme, et je le chauffe, et il est à nous (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 159). Chacune des autos qui traverse la place, à toute vitesse, est dix fois capable de tuer son homme (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 225) :• 30. Seuls, quelques agents de change ou marchands de canons de l'époque disaient à leurs enfants que la Butte ne nourrissait pas son homme, et les emmenaient voir Louise, chef-d'œuvre topographique, carte d'état-major à musique qui contient tout ce que Montmartre a de sentimental, de charmant, de barbant, de léger, de ridicule, de féminin et de pervers.FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 34.b) Avoir trouvé son homme. Avoir trouvé son maître (d'apr. DG).3. Être l'homme de la situation. Être celui qui est capable de résoudre le problème posé dans une situation donnée :• 31. Si tu m'objectes encore que tu ne sais pas ce que signifie : être l'homme de la situation, (...), je pousserai la condescendance jusqu'à l'excès en t'assurant que Storch ne répond pas aux aspirations et aux besoins de l'époque.GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 106.4. Être homme à + verbe à l'inf. Être capable de faire quelque chose. Vous n'êtes pas homme à vous retirer des affaires! (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 284).5. Un homme à la mer! Cri que l'on lance sur un bateau pour signaler qu'une personne est passée par dessus bord. Il se penche pour regarder sa ligne — et pouf — un homme à la mer! (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 14, p. 60).6. Il y a (eut, a eu, ...) mort d'homme. À Saumur, il y a eu bataille, coups de fusil, mort d'homme (COURIER, Pamphlets, Lettres partic., 1, 1820, p. 55).Rem. Parmi ces expr. lexicalisées, la plupart peuvent s'opposer effectivement à celles qui sont construites avec femme : bon homme/bonne femme; saint homme/sainte femme; d'autres expr., si elles existent au fém., ne sont pas lexicalisées ou diffèrent dans leur sens : homme de qualitéemme de qualité, honnête homme/honnête femme, grand homme/grande femme. D'autres encore n'ont pas d'équivalent au fém. : un homme à la mer, y avoir mort d'homme, l'homme de la rue, l'homme moyen. Ces dernières expr. sous-entendent que l'homme masc. peut parfois représenter l'espèce humaine en général.REM. 1. Hommée, subst. fém., région. Travail effectué en un jour par un ouvrier agricole; étendue de terre qui est travaillée dans ces conditions. Certaines prairies du marais de Redon (Bretagne) partagées en « hommées » théoriques de 40 à 60 ares, non matérialisées sur le terrain (MEYNIER, Pays. agraires, 1958, p. 82). 2. Hommelet, subst. masc. Diminutif hypocoristique de homme. Mon bel hommelet, aux beaux doigts qui prennent et serrent, viens ça, mon homme (GIONO, Colline, 1929, p. 123). 3. Hommelette, subst. fém., péj. ,,Homme qui n'a rien des qualités et des vices de l'homme`` (DELVAU 1883). 4. Hommement, adv., hapax. D'une manière masculine. Le louloup ne saura jamais ni ce qu'il est, ni combien il est aimé. Il est aimé fémininement autant que hommement! Cet adverbe énorme me fait rire (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 417). 5. Hommilière, subst. fém., hapax. [Sur le modèle de fourmilière, de taupinière] Groupe d'hommes, ville. Quel spectacle admirable, maître. Je vois une vaste hommilière, toute grouillante. Un brouillard gris la couvre et dans ce brouillard des hommes et des femmes marchent gaiement (MAUROIS, Mes songes, 1933, p. 81). 6. Hommerie, subst. fém. Bassesse, corruption de l'homme; ses manifestations. — Crois-moi, Jacqueline, nous partirons parmi les anges. Ma Jacqueline, plus d'hommeries!... Tu échapperas à cette noire succession des péchés, des crimes (LA VARENDE, Homme aux gants, 1943, p. 394).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Pour la famille de homme, THIM., Princ. 1967, pp. 68-69, dégage la règle suiv. : ,,L'm du radical ne reste simple que s'il est suivi d'un i voyelle`` : homme, bonhomme, prud'homme, gentilhomme, mais homicide, bonhomie, prud'homie; il propose de corriger homuncule (écrit aussi homoncule) en hommuncule afin de régulariser la famille. Étymol. et Hist. A. « Être humain (sans considération de sexe) » 1. fin Xe s. hom « être humain considéré par rapport à son espèce et aux autres espèces animales » (Passion, 8, éd. D'Arco Silvio Avalle : hom carnels); 2. ca 1155 « être humain considéré dans les qualités ou les défauts propres à la nature humaine » (WACE, Brut, 7870 ds T.-L. : Unches de plus grant saintée Ne sont l'un hume en sun eé); 3. 1160-75 « être humain considéré par rapport à son origine ethnique ou sociale » (ID., Rou, éd. A.J. Holden, III, 63 : hume de north). B. « Être humain de sexe masculin » 1. fin Xe s. « mâle de l'espèce humaine » (Passion, 377, éd. D'Arco Silvio Avalle : li om primers [Adam]); spéc. 1383 « individu mâle ayant acquis sa maturité physique et morale » (J. FROISSART, Chron., éd. G. Raynaud, t. 11, p. 81 : eage et congnissanche d'omme); 2. ca 1050 hume « mari » (Alexis, éd. Chr. Storey, 493); 3. ca 1100 id. « guerrier » (Roland, éd. J. Bédier, 13); 4. id. hom « vassal » (ibid., 86); 5. ca 1260 « individu considéré par rapport à son activité, sa fonction, son métier, sa condition » ici ome del mestier [patenostrier] (E. BOILEAU, Métiers, 69 ds T.-L.); 6. 1391 « individu considéré par rapport aux qualités, défauts, aptitudes dont il fait preuve » (J. FROISSART, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 14, p. 345 : homme de bien). Du lat. class.
, acc. de
« être humain » qui prit, dès l'époque impériale, le sens de « être humain du sexe masculin » en supplantant vir (cf. on; v. FEW t. 4, p. 457b). Fréq. abs. littér. : 153 718. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 259 842, b) 215 705; XXe s. : a) 195 077, b) 199 119. Bbg. BADY (R.). L'Homme et son « institution » de Montaigne à Bérulle (1580-1625). Paris, 1964, 587 p. - DELB. Matér. 1880, p. 167 (s.v. hommelet). - DUCHÁ
(O.). Les Chang. des microstruct. lex. et leurs causes. Sborník Praci Filos. Fak. brn. Univ. 1971, t. 20, p. 16; Déficiences du lex. Ét. rom. Brno. 1974, n° 7, p. 12. - FABRE-LUCE (A.). Les Mots qui bougent. Paris, 1970, p. 119. - HASSELROT 1957, p. 183 (s.v. hommelet). - KRÖTZSCH-VIANNAY (M.). Sexisme et lexicogr. : les mots femme et homme ds le dict. Osnabrücker Beiträge zur Sprachtheorie. 1979, n° 9. - QUEM. DDL t. 1, 2, 3, 14, 16, 17, 19. - TABACHOWITZ (A.). Homme-femme... Vox rom. 1960, t. 19, pp. 341-385.
homme [ɔm] n. m.ÉTYM. 980, omne; du lat. hominem, accusatif de homo. → aussi On; hominidés.❖———I Être appartenant à l'espèce animale la plus évoluée de la Terre. ⇒ -anthrope, anthropo-. || L'homme, les hommes. ⇒ Humanité; gens. || Un homme. ⇒ Individu, personne.REM. En ce sens, homme désigne l'humain mâle (→ ci-dessous, homme au sens II) ou femelle (→ Femme); il peut ne s'appliquer qu'à des mâles (hommes au sens II), mais jamais à des femmes exclusivement. Le caractère abstrait de cet emploi, où les hommes correspond à les humains, explique la fréquence du singulier collectif l'homme (« l'humanité »). Dans ce dernier cas, le pluriel peut désigner une pluralité de classes (les hommes fossiles) et non une pluralité d'individus. Enfin l'emploi de un homme (individuel) dans ce sens est rendu difficile par l'ambiguïté avec le sens II. Pour éviter ces ambiguïtés, possibles aussi avec le pluriel, on emploie parfois : un humain, les humains.1 Un homme ne commence jamais par se poser comme un individu d'un certain sexe : qu'il soit homme, cela va de soi (…) le rapport des deux sexes n'est pas celui de deux électricités, de deux pôles : l'homme représente à la fois le positif et le neutre au point qu'on dit en français « les hommes » pour désigner les êtres humains, le sens singulier du mot « vir » s'étant assimilé au sens général du mot « homo » (…) de même que pour les Anciens, il y avait une verticale absolue par rapport à laquelle se définissait l'oblique, il y a le type humain absolu qui est le type masculin.S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe, I, p. 14.♦ L'homme corps et esprit, dualité de l'homme (cf. lat. homo duplex).2 Il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées; au moins en prenant le mot de pensée comme je fais, pour toutes les opérations de l'âme (…) Et il n'y a rien du tout que les choses qui sont comprises sous ce mot, qu'on attribue proprement à l'homme en langue de philosophe : car pour les fonctions qui appartiennent au corps seul, on dit qu'elles se font dans l'homme et non par l'homme.Descartes, Lettre à Reneri, avril 1638.3 L'antithèse de la matière et de l'esprit n'est que l'opposition de deux ordres de techniques. L'erreur de Descartes a été de croire à la réalité de ces abstractions et de regarder le physique et le moral comme hétérogènes. Ce dualisme a pesé lourdement sur toute l'histoire de la connaissance de l'homme. Il a créé le faux problème des relations de l'âme et du corps.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, p. 137.1 Biol., cour. Mammifère primate, famille des Hominidés (cit.), seul représentant de son espèce (Homo sapiens); (collectif) l'homme (parfois écrit l'Homme) : l'espèce humaine. || L'homme est un animal très proche des grands singes. ⇒ Anthropoïde (singes anthropoïdes). || Cet animal (cit. 2) qu'on appelle homme. || « L'homme descend (cit. 33) du singe » (formule issue du transformisme darwinien mal interprété). || Principaux caractères spéciaux à l'homme : station verticale (→ Appui, cit. 3), différenciation fonctionnelle des mains et des pieds (⇒ Bimane; → Bipède, cit. 1), bras plus courts que les jambes, menton proéminent, masse plus importante du cerveau, langage articulé, intelligence développée, en particulier faculté d'abstraction et de généralisation (→ Généraliser, cit. 3), perfectibilité (→ Caractère, cit. 13; expérience, cit. 33).➪ tableau Noms de mammifères.♦ Par ext. Hominien. || L'homme et l'évolution; l'origine de l'homme. ⇒ Hominisation (cit. 1 et 2). || Les hommes fossiles ont permis l'étude des formes disparues de l'espèce homo : homo habilis; homo erectus; homo erectus erectus (⇒ Pithécanthrope), homo erectus pekinensis (⇒ Sinanthrope); homo sapiens Neandertalensis (⇒ Néandertalien), l'homme actuel étant dit Homo sapiens sapiens. — (Qualifié). || Homme préhistorique, homme fossile. || L'homme de Néanderthal. || Homme des cavernes.4 Nous avons dit que la nature marche toujours et agit en tout par degrés imperceptibles et par nuances; cette vérité qui d'ailleurs ne souffre aucune exception, se dément ici tout à fait; il y a une distance infinie entre les facultés de l'homme et celles du plus parfait animal, preuve évidente que l'homme est d'une différente nature, que seul il fait une classe à part, de laquelle il faut descendre en parcourant un espace infini avant que d'arriver à celle des animaux, car si l'homme était de l'ordre des animaux, il y aurait dans la nature un certain nombre d'êtres moins parfaits que l'homme et plus parfaits que l'animal, par lesquels on descendrait insensiblement et par nuances de l'homme au singe; mais cela n'est pas tout d'un coup de l'être pensant à l'être matériel (…)Buffon, Hist. nat. de l'homme, De la nature de l'homme.4.1 L'homme est une suite d'hommes qui s'engendrent et se succèdent, une équipe d'ouvriers qui se passent de main en main les moellons.R. Rolland, Deux hommes se rencontrent, p. 104.5 (…) pour le biologiste, l'homme est un animal, un animal comme les autres.Jean Rostand, l'Homme, I.6 Nous connaissons, d'une part, des Hommes fossiles nettement inférieurs à l'homme d'aujourd'hui; d'autre part, des êtres fossiles nettement supérieurs aux singes actuels, et que nous hésitons, du moins pour quelques-uns, à classer parmi les Hominidés ou parmi les animaux (…) Le Plésianthrope, le Paranthrope, le Sinanthrope, le Pithécanthrope, les Hommes de Piltdown, de Heidelberg et de Néanderthal : c'est là en tout cas, une suite de formes préhumaines et humaines qui, si elles étaient parvenues jusqu'à nos jours, combleraient la lacune entre la bête et nous.Jean Rostand, l'Homme, VIII.7 Loin de constituer dans la Nature une incompréhensible exception, l'Homme se rattache décidément, par une longue série d'ancêtres, au tronc commun d'où sont successivement issus les différents groupes d'animaux qui l'accompagnent sur le globe. Cette notion, admise aujourd'hui par la grande majorité des biologistes, ne s'est point imposée sans luttes : le problème des origines de l'Homme est de ceux qui ont soulevé des tempêtes à cause des controverses métaphysiques et extra-scientifiques auxquelles il a donné lieu. Et aujourd'hui même, malgré l'évidence de faits tels que ceux révélés par la découverte des Pithécanthropidés et des Australopithécidés qui réalisent d'une façon pour ainsi dire idéale ces chaînons intermédiaires réclamés par les adversaires de la descendance (…) beaucoup d'esprits excellents répugnent encore, plus ou moins ouvertement, à l'idée de notre parenté animale.Camille Arambourg, la Genèse de l'humanité, p. 7.8 En 1950 enfin, l'Église a précisé sa position. Elle proclame que les catholiques ont la plus entière liberté d'être transformistes (…) Un seul point touche le dogme catholique, l'apparition de l'homme. Si l'« hypothèse » qui explique l'origine de son corps par l'évolution peut être admise, il ne saurait en être de même pour son âme qui suppose une intervention spéciale de Dieu. De plus, pour cette même origine, l'encyclique écarte l'hypothèse du polygénisme qui ferait apparaître l'humanité sur plusieurs points du globe à la fois (…)Jules Carles, le Transformisme, p. 24.9 La découverte de tels vestiges revêt pour nous une importance extrême puisqu'elle signe en quelque sorte l'acte de naissance de l'homme actuel; aussi peut-on dire que mille fois déjà on a signalé notre présence dans le Quaternaire moyen ou ancien et même dans le Tertiaire plus ou moins éloigné (…) Aucune de ces découvertes, si lourdes de signification philosophique, n'a résisté jusqu'à présent à l'examen scientifique et, récemment encore, l'homme de Piltdown, qui servait de pivot depuis de longues années aux théories sur l'apparition des formes actuelles, a été écarté.A. Leroi-Gourhan, in Hist. universelle, t. I, Encycl. Pl., p. 27.♦ ☑ Loc. cour. Homme des cavernes.b Homme sauvage, primitif.9.1 Il était évident que, si le naufragé avait jamais été civilisé, l'isolement en avait fait un sauvage, et pis, peut-être, un véritable homme des bois. Des sons rauques sortaient de sa gorge, entre ses dents, qui avaient l'acuité des dents de carnivores, faites pour ne plus broyer que de la chair crue. La mémoire devait l'avoir abandonné depuis longtemps, sans doute, et, depuis longtemps aussi, il ne savait plus se servir de ses outils, de ses armes, il ne savait plus faire de feu ! On voyait qu'il était leste, souple, mais que toutes les qualités physiques s'étaient développées chez lui au détriment des qualités morales.J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 504 (1874).♦ L'homme à la pointe de l'évolution. || Avenir de l'homme en tant qu'espèce. || Transformations possibles de l'homme. ⇒ Mutant.10 (…) en un seul point (de la vie) l'obstacle a été forcé, l'impulsion a passé librement. C'est cette liberté qu'enregistre la forme humaine. Partout ailleurs que chez l'homme, la conscience s'est vu acculer à une impasse : avec l'homme seul elle a poursuivi son chemin. L'homme continue donc indéfiniment le mouvement vital, quoiqu'il n'entraîne pas avec lui tout ce que la vie portait en elle (…) L'ensemble du monde organisé devient comme l'humus sur lequel devait pousser ou l'homme lui-même ou un être qui, moralement, lui ressemblât.H. Bergson, l'Évolution créatrice, p. 266-267.11 Ce n'est plus la biologie et ses lois, qui dirigent le monde, mais l'Homme et ses fantaisies (…) L'apparition de l'intelligence a tout bouleversé : la vie s'est donné un maître qui prétend se servir d'elle et non plus la servir, et c'est pourquoi nous pouvons croire que l'homme ne sera pas dépassé par l'évolution (…) Une autre évolution s'est amorcée, et sa marche est rapide car ici tout acquis s'hérite et n'a pas besoin de l'effet du temps pour s'inscrire dans le futur : tout se passe hors de l'organisme et la biologie n'est plus en cause, car le facteur du progrès est l'éducation.Jules Carles, le Transformisme, p. 117-118.♦ Spécialt. || L'homme caractérisé par son aptitude à l'invention et à l'utilisation des outils (Homo faber), à la pensée (Homo sapiens), à la parole (Homo loquax). → ci-dessus les désignations zoologiques.12 (…) il est de l'essence de l'homme de créer matériellement et moralement, de fabriquer des choses et de se fabriquer lui-même. Homo faber, telle est la définition que nous proposons. L'Homo sapiens, né de la réflexion de l'Homo faber sur sa fabrication, nous paraît tout aussi digne d'estime tant qu'il résout par la pure intelligence les problèmes qui ne dépendent que d'elle (…) Le seul qui nous soit antipathique est l'Homo loquax, dont la pensée, quand il pense, n'est qu'une réflexion sur sa parole.H. Bergson, la Pensée et le Mouvant, p. 91-92.2 (Physique, corps de l'homme). Surtout au sing. collectif. || Études des proportions chez l'homme. ⇒ Anthropométrie. || Représentation de l'homme dans l'art (⇒ Portrait, statue), interdite par certaines religions (Islam, judaïsme…).13 En vérité, je crois que l'homme, et par l'homme j'entends aussi la femme, est le plus vilain animal qui soit sur la terre. Ce quadrupède qui marche sur ses pieds de derrière me paraît singulièrement présomptueux de se donner de son plein droit le premier rang dans la création. Un lion, un tigre, sont plus beaux que les hommes, et dans leur espèce beaucoup d'individus atteignent à toute la beauté qui lui est propre. Cela est extrêmement rare chez l'homme. — Que d'avortons pour un Antinoüs ! que de Got(h)ons pour une Philis.Th. Gautier, Mlle de Maupin, II, p. 71.14 Pour la statuaire antique, la partie mobile du visage : les yeux et la bouche, compte peu; mais la statuaire chrétienne s'attachera passionnément à elle. Lorsque, dans un musée, nous arrivons aux salles gothiques, il nous semble rencontrer les premiers hommes vrais.Malraux, les Voix du silence, p. 219.♦ Étude de l'homme, du corps humain dans sa constitution et son fonctionnement. ⇒ Anatomie, biologie, physiologie. || Fonctions de nutrition, de relation, de reproduction chez l'homme. || Les sens de l'homme (→ Autant, cit. 43). || Caractères sexuels chez les hommes, chez l'homme. ⇒ Femme, homme (II.); androgyne, hermaphrodite. || Vie de l'homme. ⇒ Naissance, enfance, adolescence, maturité, vieillesse, mort. || La durée moyenne de la vie de l'homme augmente progressivement. || Vivre trois âges (cit. 4) d'homme. || Les excès abrègent (cit. 6) les jours de l'homme.15 (…) la longévité diminue, bien que la durée moyenne de la vie soit plus grande (…) Avant de rendre plus longue la vie des hommes, il faut trouver le moyen de conserver jusqu'à la fin leurs activités organiques et mentales.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, V.♦ Types d'hommes classés d'après leurs caractères physiques héréditaires. ⇒ Race; anthropologie (au sens 1; cit. 2). || Diversité d'aspect des hommes en tant qu'individus.16 Parmi les hommes que nous connaissons, ou par nous-mêmes, ou par les historiens, ou par les voyageurs, les uns sont noirs, les autres blancs, les autres rouges; les uns portent de longs cheveux, les autres n'ont que de la laine frisée; les uns sont presque tout velus, les autres n'ont pas même de barbe. Il y a eu, et il y a peut-être encore, des nations d'hommes d'une taille gigantesque; et, laissant à part la fable des Pygmées, qui peut bien n'être qu'une exagération, on sait que les Lapons, et surtout les Groenlandais, sont fort au-dessous de la taille moyenne de l'homme.Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Notes.17 L'Homme est extrêmement divers. Nul n'ignore qu'il existe des races humaines, fort dissemblables, et que, même à l'intérieur de la race la plus pure, les individus présentent des différences manifestes.Jean Rostand, l'Homme, I.3 (Surtout collectif). || L'homme, être pensant (→ Assurer, cit. 43; grandeur, cit. 20). || L'homme se distingue de la bête (cit. 1 à 4) par la raison. — Nature, essence de l'homme : nature humaine (→ Essentialiste, cit.). || Conceptions matérialistes, spiritualistes de l'homme. ⇒ Âme, esprit. || L'Homme-machine, œuvre de La Mettrie. || Définitions célèbres de l'homme. || L'homme est un animal politique (adapt. d'Aristote : zôon politikon), un animal (cit. 8) raisonnable, « une intelligence servie par des organes » (De Bonald), un être (cit. 13) moral, un animal éducable (→ Franchement, cit. 3), un animal (cit. 6) sociable, un être social (→ Autonome, cit. 3). || L'homme est borné par sa nature même (→ Borne, cit. 9; cesser, cit. 12). || L'homme n'est pas un pur esprit. || L'homme n'est pas encore accompli.18 Mais qu'est-ce qu'un homme ? Dirai-je que c'est un animal raisonnable ? Non certes : car il me faudrait (par) après rechercher ce que c'est qu'animal et ce que c'est que raisonnable, et ainsi d'une seule question je tomberais insensiblement en une infinité d'autres plus difficiles (…)Descartes, Méditations, II.19 (…) qu'est-ce donc que l'homme ? est-ce un prodige ? est-ce un composé monstrueux de choses incompatibles ? ou bien est-ce une énigme inexplicable ?Bossuet, Sermon pour la profession de Mme de La Vallière.20 L'homme n'est pas une intelligence servie par des organes, mais plutôt une intelligence empêchée souvent par l'organisation (…) Les organes servent les passions et l'imagination; ils asservissent l'intelligence et la raison toutes les fois qu'ils ne sont pas soumis à la volonté.Maine de Biran, Œuvres, t. XII, p. 222.21 L'homme sans aucun appui et sans aucun secours est condamné chaque instant à inventer l'homme. Ponge a dit dans un très bel article « L'homme est l'avenir de l'homme ».Sartre, L'existentialisme est un humanisme, p. 38.4 (Surtout collectif; ou au plur. général). || Psychologie de l'homme. || Vie active, affective, intellectuelle de l'homme. || L'homme intérieur, l'homme moral. || Instincts de l'homme (l'homme charnel). || Volonté de l'homme. || Mémoire de l'homme. — ☑ Loc. De mémoire (cit. 38) d'homme. — L'homme est mortel et aspire à l'immortalité. || L'homme poursuit la vérité absolue (cit. 17; → Dieu, cit. 30) et ne peut avoir de certitude (→ Acquérir, cit. 19; dieu, cit. 3). || L'homme veut être heureux (→ Bonheur, cit. 13), est né pour le bonheur (cit. 31); le bonheur (cit. 12) n'est pas fait pour l'homme. || L'homme, destiné à souffrir. || « L'homme est un apprenti (cit. 9), la douleur est son maître » (Musset). || L'homme a des besoins moraux, esthétiques, religieux… || Qualités et défauts de l'homme, des hommes. || Instabilité, contradictions de l'homme (→ Accord, cit. 15; attacher, cit. 60). || L'ingratitude des hommes (→ 1. Flétrissure, cit. 1). || Orgueil de l'homme (→ Hautement, cit. 7). || Corruption de l'homme (→ ci-dessous, 6.; et aussi béatitude, cit. 1; excellence, cit. 2). || Méchanceté, malice des hommes (→ Authentique, cit. 6). || L'homme considéré comme naturellement bon (→ Barbarie, cit. 15; déviation, cit. 3) ou naturellement méchant (ci-dessous, 7.). || « L'homme est un méchant animal (cit. 4), un sot animal (cit. 5) ». || « L'homme n'est ni ange (cit. 14) ni bête » (Pascal). || « L'homme n'est d'abord rien, il est ce qu'il se fait » (→ Essence, cit. 8). || L'homme, responsable de ce qu'il est (→ Existentialisme, cit. 2).22 Certes, c'est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant, que l'homme.Montaigne, Essais, I, I.23 De tous les animaux l'homme a le plus de penteÀ se porter dedans l'excès.La Fontaine, Fables, IX, 11.24 Il n'y a rien que les hommes aiment mieux à conserver et qu'ils ménagent moins, que leur propre vie.La Bruyère, les Caractères, « De l'homme », 34.25 Ne nous emportons point contre les hommes en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice, leur fierté, l'amour d'eux-mêmes, de l'oubli des autres : ils sont ainsi faits, c'est leur nature, c'est ne pouvoir supporter que la pierre tombe ou que le feu s'élève.La Bruyère, les Caractères, « De l'homme », 1.26 L'homme est très fort quand il se contente d'être ce qu'il est; il est très faible quand il veut s'élever au-dessus de l'humanité.Rousseau, Émile, II.27 Les hommes sont méchants, une triste et continuelle expérience dispense de la preuve; cependant l'homme est naturellement bon (…) Qu'est-ce donc qui peut l'avoir dépravé à ce point, sinon les changements survenus dans sa constitution, les progrès qu'il a faits et les connaissances qu'il a acquises ?Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Notes.28 Hélas, ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes ?A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La mort du loup », III.29 L'homme fait des progrès en tous sens : il commande à la matière c'est incontestable, mais il n'apprend pas à se commander lui-même.E. Delacroix, Écrits, Journal, p. 74.30 Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n'est plus admirable que l'homme.Gide, Œdipe, p. 63.31 Ce que je vois d'abord dans l'homme, c'est son malheur. Le malheur de l'homme est la merveille de l'univers.Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 280.32 (…) l'Homme, il faut le reconnaître, possède un fond d'instincts mauvais, haineux, avides, agressifs, ce qui ne doit pas nous étonner outre mesure puisque les Singes, auxquels devaient ressembler nos aïeux, ne sont pas précisément des bêtes altruistes.Jean Rostand, l'Homme, X.♦ Absolt. a L'homme considéré dans ses qualités. || Être digne du nom d'homme (→ Bataille, cit. 17). || Criminel indigne du nom d'homme (→ Altérer, cit. 18). || Pour former un homme, il faut être homme soi-même (→ Entreprendre, cit. 8). || Les œuvres d'art, dont la connaissance fait de nous des hommes (→ Aborder, cit. 12). || Mourir comme un homme (→ 2. Pouvoir, cit. 18).33 Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontreLe fond de notre cœur dans nos discours se montre (…)Molière, le Misanthrope, I, 1.34 Si tu peux rencontrer Triomphe après DéfaiteEt recevoir ces deux menteurs d'un même front (…)Tu seras un homme, mon fils.35 (…) on n'est pas un homme tant qu'on n'a pas trouvé quelque chose pour quoi on accepterait de mourir.Sartre, l'Âge de raison, p. 129.b L'homme considéré dans ses faiblesses. || Ce n'est qu'un homme. || J'ai le cœur aussi bon (cit. 36) mais enfin je suis homme. || Pour être dévot je n'en suis pas moins homme (→ Appât, cit. 15).36 (…) c'est à tort que sages on nous nomme;(…) dans tous les cœurs il est toujours de l'homme.Molière, le Misanthrope, V, 4.♦ Un, les hommes (opposé à l'homme). || L'homme moral individuel. ⇒ Individu, personne. || Différence, ressemblance entre les hommes. || La vertu fait la différence entre les hommes (→ Aïeul, cit. 7). || S'il y a quelque chose de plus abject (cit. 3) que l'homme, c'est beaucoup d'hommes. || Le commun des hommes (→ Apercevoir, cit. 15). || Distinguer qqn du reste des hommes (→ Arcane, cit. 4). || Les derniers des hommes (→ Canaille, cit. 6). || Le plus malheureux des hommes (→ Ange, cit. 19; bambin, cit. 2).37 Plutarque dit en quelque lieu qu'il ne trouve point si grande distance de bête à bête, comme il trouve d'homme à homme (…) j'enchérirais volontiers sur Plutarque; et dirais qu'il y a plus de distance de tel à tel homme qu'il n'y a de tel homme à telle bête (…)Montaigne, Essais, I, XLII.38 À mesure qu'on a plus d'esprit, on trouve qu'il y a plus d'hommes originaux : les gens du commun ne trouvent pas de différence entre les hommes.Pascal, Pensées, I, 7.39 L'Homme se distingue des hommes. On ne dit rien d'essentiel sur la cathédrale, si l'on ne parle que des pierres. On ne dit rien d'essentiel sur l'Homme, si l'on cherche à le définir par des qualités d'homme.Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXVII.40 L'homme est plus intéressant que les hommes (…) Chacun est plus précieux que tous.Gide, Journal, Littérature et morale.♦ L'homme, un, des, les hommes, du point de vue intellectuel, moral. ⇒ Psychologie. || L'homme se connaît en s'observant soi-même (⇒ Introspection) et en observant les autres (→ Agir, cit. 5; approfondir, cit. 7 et 13; attendre, cit. 79; étude, cit. 28; fait, cit. 26; général, cit. 24). || Avoir l'expérience (cit. 13) des hommes. || Juger des hommes (→ Approfondir, cit. 8). || Peindre les hommes (→ Assujettir, cit. 12; éternel, cit. 19; étudier, cit. 16). || Moraliste qui étudie les hommes (→ Approfondir, cit. 11). || Croire aux hommes, avoir foi (cit. 21) en l'homme. || Aimer les hommes. ⇒ Philanthropie (→ Estimer, cit. 5). || Haïr les hommes. ⇒ Misanthropie (→ Général, cit. 17).41 (…) j'ai cru trouver au moins bien des compagnons en l'étude de l'homme, et que c'est la vraie étude qui lui est propre. J'ai été trompé; il y en a encore moins qui l'étudient que la géométrie. Ce n'est que manque de savoir étudier cela qu'on cherche le reste.Pascal, Pensées, II, 144.42 On ne peut corriger les hommes qu'en les faisant voir tels qu'ils sont.Beaumarchais, le Mariage de Figaro, Préface.43 Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes (…)Baudelaire, les Fleurs du mal, « L'homme et la mer ».44 L'homme est un tout indivisible d'une extrême complexité. Il est impossible d'avoir de lui une conception simple. Il n'existe pas de méthode capable de le saisir à la fois dans son ensemble, ses parties et ses relations avec le monde extérieur. Son étude doit être abordée par des techniques variées. Elle utilise plusieurs sciences distinctes.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, p. 2.45 Je nourris (…) une confiance pleine, une foi vivace et sans défaillance, dans les infinies ressources de l'homme, parce que je sais que certaines richesses sont en lui, alors même qu'il les ignore et cherche à les déprécier.Daniel-Rops, le Monde sans âme, VIII.46 La littérature française s'est proposé de peindre en pied, inlassablement, l'homme; je dis bien l'homme individuel et l'homme social, l'homme intérieur et l'homme extérieur, l'homme visible et l'homme invisible, l'homme subjectif, et l'homme objectif.G. Duhamel, la Défense des lettres, IV, I.47 Nous sommes mal renseignés sur les hommes, parce que nos relations courantes sont trop superficielles. On ne voit que par des vices, des travers et des vertus (…) Hors de l'amitié, de l'amour et de quelques liens de sang, je ne veux pas savoir ce qu'on pense des hommes. Si on ne peut les aimer, qu'on ne m'en parle pas.J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 22-24.48 (…) on ne peut admettre qu'un homme puisse porter un jugement sur l'homme (…) l'existentialiste ne prendra jamais l'homme comme fin, car il est toujours à faire.Sartre, l'Existentialisme est un humanisme, p. 91.REM. On aura remarqué par les exemples que, dans de nombreux cas, l'inclusion de la femme dans ce concept est ambiguë, sinon impossible. Les tentations de « levée d'ambiguïté » sont d'ailleurs souvent ironiques ou involontairement comiques.48.1 C'est cependant la langue de la religion française (le latin); c'est même la langue naturelle à l'homme en général; car qui dit l'homme dit la femme.H. Monnier, « Le roman chez la portière », Scènes populaires, t. I, p. 22.5 L'homme (physique et moral), considéré dans l'univers. || L'homme et la réalité du monde extérieur. || Le monde existe (cit. 5) en dehors de l'homme. || L'homme se prend volontiers pour le centre (cit. 22) de l'univers. ⇒ Anthropocentrisme. || Tendance à concevoir le divin à l'image de l'homme. ⇒ Anthropomorphisme. || Donner aux choses l'aspect de l'homme. ⇒ Anthropomorphiser. || Petitesse, fragilité relatives de l'homme (→ Atome, cit. 11 et 14; ciron, cit. 1; hauteur, cit. 4). || L'homme et les deux infinis de Pascal. || Domination de l'homme sur la nature (→ Assujettir, cit. 28; captation, cit. 1). || Théorie qui prend l'homme pour fin. ⇒ Humanisme. || Mettre à la portée de l'homme. ⇒ Humaniser. — La liberté de l'homme (→ Hasard, cit. 6 et 28). || L'homme et la nécessité; l'homme et le destin, la fatalité (cit. 6); l'homme et Dieu, et la Providence (→ ci-dessous, 6.).49 La plus calamiteuse et fraile (frêle) de toutes les creatures, c'est l'homme, et quant et quant (à la fois) la plus orgueilleuse.Montaigne, Essais, II, XII.50 Considerons donq pour cette heure l'homme seul, sans secours estranger, armé seulement de ses armes (…) Est-il possible de rien imaginer (de) si ridicule que cette miserable et chetive creature, qui n'est pas seulement maistresse de soy, exposée aux offences de toutes choses, se die maistresse et emperiere (impératrice) de l'univers, duquel il n'est pas en sa puissance de cognoistre la moindre partie, tant s'en faut de la commander ?Montaigne, Essais, II, XII.51 Car, enfin, qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti.Pascal, Pensées, II, 72.52 L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui; l'univers n'en sait rien.Pascal, Pensées, VI, 347.53 Il est donc vrai que l'homme est le roi de la terre qu'il habite; car non seulement il dompte tous les animaux, non seulement il dispose des éléments par son industrie, mais lui seul sur la terre en sait disposer, et il s'approprie encore, par la contemplation, les astres mêmes dont il ne peut approcher.Rousseau, Émile, IV.54 L'homme est le vainqueur des chimères, la nouveauté de demain, la régularité dont gémit le chaos, le sujet de la conciliation. Il juge de toutes choses. Il n'est pas imbécile. Il n'est pas ver de terre. C'est le dépositaire du vrai, l'amas de certitude, la gloire, non le rebut de l'univers. S'il s'abaisse, je le vante. S'il se vante, je le vante davantage.Lautréamont, les Chants de Maldoror, Poésies, p. 288.55 On ne se lasse pas de répéter que l'homme est bien peu de chose sur la terre, et la terre dans l'univers. Pourtant, même par son corps, l'homme est loin de n'occuper que la place minime qu'on lui octroie d'ordinaire, et dont se contentait Pascal lui-même quand il réduisait le « roseau pensant » à n'être, matériellement, qu'un roseau. Car si notre corps est la matière à laquelle notre conscience s'applique, il est coextensif à notre conscience, il comprend tout ce que nous percevons, il va jusqu'aux étoiles.H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 274.56 L'Homme mesure des choses (…)Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 316.57 L'homme exploite, défriche, ensemence, construit, déboise, fouille le sol, perce des monts, discipline les eaux, importe des espèces.Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 117.6 L'homme, un, des, les hommes, dans les croyances religieuses. || Les dieux et les hommes. ⇒ Mortel. || Évolution de la notion de Dieu dans l'esprit de l'homme. || Dieu considéré comme créant l'homme, comme conçu par l'homme. || « Dieu sans l'homme n'est pas plus que l'homme sans Dieu » (cit. 10, Hegel). || « Les Dieux (cit. 18) passent comme les hommes ». — Allus. littér. || Jupiter créa les hommes dans un accès (cit. 11) de misanthropie (Hugo).58 (Bonstetten) m'a cependant exprimé une idée assez piquante sur l'origine des idées religieuses. L'homme actif rencontre au dehors des résistances et se fait des dieux; l'homme contemplatif éprouve au dedans un besoin vague et se fait un Dieu.B. Constant, Journal intime, 10 juil. 1804, p. 192.59 On a souvent attribué les premières conceptions religieuses à un sentiment de faiblesse et de dépendance, de crainte et d'angoisse qui aurait saisi l'homme quand il entra en rapports avec le monde (…) les premières religions ont une tout autre origine (…)É. Durkheim, les Formes élémentaires de la vie religieuse, p. 320.60 Longtemps, l'homme a été distrait de la vie par des esprits malins, le culte des morts et des divinités, le souci de sa tombe et de sa survie. Puis il s'est mis à travailler, découvrant dans sa tâche l'équivalent des réconforts célestes (…)J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 157.61 Sa tâche (de Bruno Bauer) sera de montrer que la distinction entre l'humain et le divin est illusoire, qu'elle n'est pas autre chose que la distinction entre l'essence de l'humanité, c'est-à-dire la nature humaine, et l'individu. « Le mystère de Dieu n'est que le mystère de l'amour de l'homme pour lui-même ».Camus, l'Homme révolté, p. 183.♦ (Dans le dogme chrétien). || L'homme créature de Dieu. ⇒ Créature. || Dieu créa (cit. 1) l'homme, les hommes à son image. || L'innocence première de l'homme et le péché originel. || L'Éternel se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre (→ Affliger, cit. 11). || L'homme déchu (cit. 6 et 7). || Grandeur et faiblesse (cit. 15) de l'homme (→ Avantageux, cit. 2). || Grandeur et bassesse (cit. 2 et 16), misère de l'homme, des hommes (→ État, cit. 82). || Le Christ a racheté les hommes. ⇒ Rédemption (→ Balancer, cit. 23; endurcissement, cit. 3). || Régénération des hommes par le baptême. || Fins de l'homme (→ Blesser, cit. 14). || L'homme est fait pour Dieu (cit. 4). || Vie éternelle de l'homme après sa mort. || Jugement des hommes. || L'homme et la Providence divine, la grâce… || « L'homme s'agite (cit. 17) mais Dieu le mène ». — ☑ Prov. L'homme propose, Dieu dispose.62 Puis Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur les reptiles qui rampent sur la terre. »Bible (Crampon), Genèse, I, 26.63 Car l'homme propose et Dieu dispose, et la voie de l'homme n'est pas dans le pouvoir de l'homme.64 Crains Dieu et garde ses commandements, car c'est là tout l'homme.Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.65 (…) il est une conviction dans l'homme, celle de sa chute, de son péché, d'où vient partout l'idée des sacrifices et du rachat.Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 652.66 Le christianisme, qui ne considère l'homme actuel qu'à titre de créature déchue, ne craint pas d'insister sur les vices de la nature, à qui il veut faire sentir le besoin d'un remède et d'une restauration surnaturelle.Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 18 nov. 1850, t. III, p. 128.67 Or, ce n'était plus l'Homme en sa gloire première,Tel qu'Iavèh le fit pour la félicité,Calme et puissant, vêtu d'une mâle beauté,Chair neuve où l'âme vierge éclatait en lumièreDevant la vision de l'immortalité.Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « La fin de l'homme ».68 Ma poésie ne consistera qu'à attaquer, par tous les moyens, l'homme, cette bête fauve, et le Créateur, qui n'aurait pas dû engendrer une pareille vermine.Lautréamont, les Chants de Maldoror, II, p. 63.69 Durant des siècles ma civilisation a contemplé Dieu à travers les hommes. L'homme était créé à l'image de Dieu. On respectait Dieu en l'homme. Les hommes étaient frères en Dieu. Ce reflet de Dieu conférait une dignité inaliénable à chaque homme.Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXVI.♦ ☑ Loc. Relig. Homme de péché. ⇒ Pécheur.♦ ☑ (1564). Le vieil homme : l'homme qui a des habitudes de péché. || Dépouiller (cit. 17) le vieil homme.♦ Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté (→ Gloire, cit. 49). — REM. Certaines bibles donnent de ce verset une traduction différente : || « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée » (Segond).70 (…) notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit, et que désormais nous ne soyons plus asservis au péché.Bible (Sacy), Épître de saint Paul aux Romains, VI, 6.71 Mais égoïste, avide de soins et d'amour, je voulais que l'univers entier s'occupât de moi (…) et, à l'âge de cinq ans, je n'avais pas encore dépouillé le vieil homme.France, le Petit Pierre, XIX.♦ Spécialt (et par une évidente ambiguïté avec le sens II, « mâle »). || Le Christ s'est fait (cit. 235) homme. ⇒ Incarnation. || Le Fils de Dieu fait homme, le Fils (cit. 12) de l'homme, l'Homme-Dieu : le Christ. || Le Christ, vrai Dieu (cit. 38) et vrai homme. || L'homme de douleur : le Christ de la Passion (→ Faire, cit. 234).7 (Collectif ou non collectif : un homme, des hommes, les hommes). ⇒ Humanité, société. || Les hommes vivent en société (→ Ethnographie, cit. 2 et 3). || La société des hommes (→ Bon, cit. 85). — (Au XVIIIe). Collectif. || « L'homme sauvage (→ État, cit. 99), l'homme de la nature » (Rousseau; → Gâter, cit. 31), opposé à « l'homme social ». — || « Ni à l'état sauvage, ni à l'état civilisé, l'homme ne vit normalement à l'état isolé » (Giddings).72 L'on demande pourquoi tous les hommes ensemble ne composent pas comme une seule nation, et n'ont point voulu parler une même langue, vivre sous les mêmes lois, convenir entre eux des mêmes usages et d'un même culte : et moi, pensant à la contrariété des esprits, des goûts et des sentiments, je suis étonné de voir jusques à sept ou huit personnes se rassembler sous un toit, dans une même enceinte, et composer une seule famille.La Bruyère, les Caractères, De l'homme, 16.73 Les hommes ne sont point faits pour être entassés en fourmilières, mais épars sur la terre qu'ils doivent cultiver (…) L'homme est de tous les animaux celui qui peut le moins vivre en troupeaux.Rousseau, Émile, I.74 Tous les hommes qu'on a découverts dans les pays les plus incultes et les plus affreux vivent en société (…) Quelques mauvais plaisants ont abusé de leur esprit jusqu'au point de hasarder le paradoxe étonnant que l'homme est originairement fait pour vivre seul comme un loup-cervier, et que c'est la société qui a dépravé la nature (…) Chaque animal a son instinct; et l'instinct de l'homme fortifié par la raison, le porte à la société comme au manger et au boire.Voltaire, Dict. philosophique, Homme.♦ Rapports des hommes entre eux. || L'homme et son prochain, son semblable. ⇒ Autrui (→ Assujettir, cit. 27; aumône, cit. 10). — Fraternité (cit. 3, 4 et 5) des hommes; rivalité, hostilité des hommes (→ Haïr, cit. 41 et 43). ☑ L'homme est un loup pour l'homme (« Homo homini lupus », Plaute). — ☑ Prov. Nul ne peut se vanter de se passer des hommes (Sully Prudhomme). || Le jugement, la justice des hommes. ⇒ Humain (→ Attendre, cit. 80; briser, cit. 16). || Jurer devant Dieu et devant les hommes (→ Accusé, cit. 2). — L'homme et sa condition sociale. ⇒ Classe. || Exploitation (cit. 10 et 11) de l'homme par l'homme. || « L'homme est né libre et partout il est dans les fers » (cit. 19, Rousseau; et → Esclave, cit. 2). || Discours sur l'inégalité parmi les hommes, de Rousseau.75 Les hommes naissent inégaux. Le grand bienfait de la société est de diminuer cette inégalité autant qu'il est possible (…)Joseph Joubert, Pensées, XIV, XXXVIII.76 Nulle aumône n'apaisera la colère des hommes qui n'auront pas pu être des hommes, parce que la société ne l'aura pas voulu.Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, p. 139.♦ Collectif. || Les droits de l'homme. || Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (→ Abus, cit. 3; force, cit. 48). || Droits naturels et imprescriptibles de l'homme (→ Association, cit. 8). || L'homme protégé, brimé par la société. || L'Homme révolté, œuvre d'Albert Camus. || L'homme et l'État.♦ Humain, personne humaine (par oppos. à la fonction, au rang). — REM. Ne s'emploie qu'en parlant d'hommes au sens II, de mâles. || Les prêtres, les rois sont des hommes. || Sous l'artiste on veut atteindre l'homme (→ Gratter, cit. 15). || « On s'attendait de voir un auteur (cit. 30), et on trouve un homme ».77 (…) ils (les rois) sont, comme nous sommes,Véritablement hommesEt meurent comme nous.Malherbe, Paraphrase du Psaume CXLV.78 La femme tient grande place dans l'histoire de ces rois. Par ce côté, ils sont hommes; la nature est forte chez eux; c'est presque l'unique intérêt pour lequel ils se mettent quelquefois mal avec l'Église.Michelet, Hist. de France, IV, V.79 Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes (…) Ils attendent le signal de la mort et du meurtre; mais on voit, en contemplant leurs figures entre les rayons verticaux des baïonnettes, que ce sont simplement des hommes.H. Barbusse, le Feu, XX, t. II, p. 27.♦ Collectif (à propos de l'influence, de l'action de la société et de la civilisation sur l'homme). || La société a dépravé, a amélioré l'homme. || Évolution de l'homme dans la société. ⇒ Histoire. || L'homme civilisé. || L'homme du moyen âge, de la Révolution. || Les hommes de la génération de… (→ Apporter, cit. 33). — L'homme et le progrès. || L'homme futur (→ Fusion, cit. 9). || L'homme et la technique, la machine. || L'homme dans la vie économique (cf. lat. homo œconomicus).80 (…) le sauvage vit en lui-même; l'homme sociable, toujours hors de lui, ne sait que vivre dans l'opinion des autres, et c'est pour ainsi dire de leur seul jugement qu'il tire le sentiment de sa propre existence (…) Il me suffit d'avoir prouvé que ce n'est point là l'état originel de l'homme, et que c'est le seul esprit de la société et l'inégalité qu'elle engendre qui changent et altèrent ainsi toutes nos inclinations naturelles.Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.81 (…) les hommes dans cet état (de nature), n'ayant entre eux aucune sorte de relation morale ni de devoirs connus, ne pouvaient être ni bons ni méchants, et n'avaient ni vices ni vertus (…)Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, I.82 Loin que le besoin de la société ait dégradé l'homme, c'est l'éloignement de la société qui le dégrade. Quiconque vivrait absolument seul, perdrait bientôt la faculté de penser et de s'exprimer (…)Voltaire, Dict. philosophique, Homme.83 L'homme n'est ni bon ni méchant, il naît avec des instincts et des aptitudes; la Société, loin de le dépraver, comme l'a prétendu Rousseau, le perfectionne, le rend meilleur; mais l'intérêt développe aussi ses penchants mauvais.Balzac, Avant-propos, Pl., t. I, p. 8.84 L'homme ne devient pas seulement, au cours de sa vie, le débiteur de ses contemporains; dès le jour même de sa naissance, il est un obligé. L'homme naît débiteur de l'association humaine (…) en naissant, il commence à jouir d'un capital immense qu'ont épargné d'autres générations antérieures. Auguste Comte a depuis longtemps mis ce fait en pleine lumière : « Nous naissons chargés d'obligations de toute sorte envers la société ». Ce que Renan dit des hommes de génie : « Chacun d'eux est un capital accumulé de plusieurs générations », est vrai non pas seulement des hommes de génie, mais de tous les hommes. La valeur de l'homme se mesure à sa puissance d'action sur les choses; à cet égard, le plus modeste travailleur de notre temps l'emporte sur le sauvage de l'âge de pierre (…)Léon Bourgeois, Solidarité, p. 116.85 Si (…) l'homme conçoit des idéaux, si même il ne peut se passer d'en concevoir et de s'y attacher c'est qu'il est un être social. C'est la société qui le pousse ou l'oblige à se hausser ainsi au-dessus de lui-même et c'est elle aussi qui lui en fournit les moyens.E. Durkheim, Jugements de valeur et jugements de réalité.86 L'homme étant essentiellement un être social, ses fonctions de relation, physiologiques et surtout psychologiques, ne peuvent se concevoir que sociologiquement. La plupart de ses croyances, et la manière même dont elles se forment et s'imposent à lui sont inexplicables si on le considère individuellement; même en ce qu'elles ont de plus personnel, elles sont les actes d'un être qui agit dans un milieu.E. Goblot, Traité de logique, p. 35.87 L'homme est constitué par la société et impossible même à imaginer hors du milieu qui lui a donné son âme, mais il est aussi un individu, qu'on ne saurait entièrement expliquer par des influences sociales.J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 16.88 La société moderne ignore l'individu (…) et nous traite comme des abstractions. C'est la confusion des concepts d'individu et d'être humain qui l'a conduite à une de ses erreurs les plus graves, à la standardisation des hommes.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, X.89 À mesure qu'on proclamait la déification de l'homme, on le réduisait à n'être qu'une abstraction (…) il est apparu que c'était, suivant les cas, le citoyen abstrait des droits, ou l'homo œconomicus des libéraux ou des marxistes, le producteur du système tayloriste ou le soldat inconnu, parfaite image des guerres anonymes.Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, p. 25.8 Un, des, les hommes, en tant qu'unité dans un groupe humain. || Répartition des hommes sur la terre. ⇒ Démographie, habitant, peuplement, population. || Le nombre des hommes augmente à la surface de la terre. || Densité des hommes sur la terre. || Hommes sédentaires, nomades. ⇒ Habitat (cit. 4). || Mouvement d'hommes. ⇒ Migration. || Répartition des hommes en unités sociopolitiques. ⇒ État, nation, pays.90 (…) il n'y a point d'hommes dans le monde. J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes; je sais même grâce à Montesquieu qu'on peut être Persan; mais quant à l'homme je déclare ne l'avoir jamais rencontré de ma vie, s'il existe c'est bien à mon insu.J. de Maistre, Considérations sur la France, VI, p. 88.91 (…) l'esprit débarrassé de tout ce que nous savons des hommes, tentons de voir et de noter les faits essentiels de la géographie humaine avec les mêmes yeux et du même regard qui nous permettent de découvrir et de démêler les traits morphologiques, topographiques, hydrographiques de la surface terrestre (…) qu'apercevons-nous ? (…) En premier lieu, les hommes eux-mêmes, revêtement mobile de la surface et revêtement d'une densité très inégale sur les différents points du globe (…) La toundra sibérienne, les hamadas sahariennes ou la forêt amazonienne sont et restent presque vides d'hommes, tandis que les hommes s'accumulent et se pressent dans les deltas boueux et humides de l'Extrême-orient asiatique ou dans tels et tels districts de l'Europe occidentale ou centrale.Jean Brunhes, la Géographie humaine, I, p. 61-62.91.1 Aujourd'hui, plus de 4 milliards d'hommes peuplent la planète. Comptant avec un taux de croissance annuel de 1,9%, les démographes prévoient que ce nombre aura doublé vers l'an 2010.Jean Ziegler, Main basse sur l'Afrique, p. 263.♦ ☑ Loc. Terre des hommes (titre d'un ouvrage de Saint-Exupéry).———II (Fin Xe, Passion du Christ). Être humain mâle, et (le plus souvent) adulte. ⇒ Garçon (cit. 11), mâle, masculin; -andre, -andrie (2.), andro-, vir-. — REM. Dans ce sens, plus concret, c'est l'emploi individuel (un, des hommes) qui l'emporte sur le général (l'homme); spécialt, « mâle adulte de l'espèce humaine ». — Un homme. || Le premier homme selon l'Écriture. ⇒ Adam (cit. 1). || Êtres mythiques mi-hommes mi-bêtes. ⇒ Ægipan, centaure, faune, sagittaire, satyre.1 Mâle de l'espèce humaine. ⇒ Bonhomme (fam.), gars, mec (fam.), quidam, type (fam.); et aussi argot gonze, gus, pante. || Il y a plus de femmes que d'hommes en France. || Caractères biologiques, physiologiques, sexuels de l'homme. || La barbe, apanage de l'homme ⇒ Barbe (fig.). || Voix d'homme. || Des hommes et des femmes. ⇒ Gens. || Aversion pour les hommes (⇒ Androphobie, misandrie), attirance pour les hommes (⇒ Androphilie).♦ Aspect physique, esthétique de l'homme. || Vêtements, habits (cit. 1) d'homme. || Un homme bien, mal habillé; élégant. || Un homme vêtu de bleu, de blanc. — (Syntagme lexicalisé). || Les hommes en blanc (cit. 19.1 et supra) : les médecins, les infirmiers. — REM. Ce dernier emploi est à rapprocher des valeurs professionnelles du mot (→ ci-dessous 4., c : homme de…). Par ext. || Femme qui s'habille en homme, comme un homme. — Homme qui s'habille en femme. ⇒ Travesti.92 Le corps d'un homme bien fait doit être carré, les muscles doivent être durement exprimés, le contour des membres fortement dessiné, les traits du visage bien marqué. Dans la femme tout est plus arrondi, les formes sont plus adoucies, les traits plus fins; l'homme a la force et la majesté, les grâces et la beauté sont l'apanage de l'autre sexe.Buffon, Hist. nat. de l'homme, De l'âge viril, t. II, p. 48.93 Tant que je ne les avais vus que de loin et à travers mon désir, les hommes m'avaient paru beaux, et l'optique m'avait fait illusion. — Maintenant je les trouve du dernier effroyable, et je ne comprends pas comment une femme peut admettre cela dans son lit.Th. Gautier, Mlle de Maupin, XV.94 Le seul défaut qu'il ait, c'est d'être trop beau et d'avoir des traits trop délicats pour un homme.Th. Gautier, Mlle de Maupin, V.95 Quant à l'esthétique mâle, n'en parlons pas ! (…) Homme, va te cacher !Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 281.♦ Spécialt. Homme physiquement adulte. || À quinze ans il était déjà un homme. || Il se fait, il devient homme.96 Je l'ai vu devenir homme pendant qu'il me regardait, et la barbe lui pousser autour de sa bonne figure (…)Claudel, l'Annonce faite à Marie, I, 1.♦ Homme grand, petit, gros, maigre, fort, faible. || Un homme bien bâti, taillé en athlète, en hercule. ⇒ 1. Fort. || Homme carré d'épaules (→ Armoire à glace; gorille, cit. 2). || Un bel homme. ⇒ Beau (cit. 14); 1. adonis, apollon (fam.); → Filet, cit. 14; 1. fou, cit. 32. || Un homme affreux, hideux, très laid… || Homme chauve, poilu, barbu, moustachu, bien, mal rasé. || Homme élégant. || Homme d'aspect mâle, de manières viriles; homme efféminé. ⇒ Femmelette.97 Quel homme est-ce ? — C'est un beau, gros, court, jeune vieillard, gris pommelé (…)Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 4.2 a Un, des hommes; l'homme (opposé à la femme). || Psychologie de l'homme. || Un homme, des, les hommes, et, collect., l'homme. || L'homme est traditionnellement dit actif (→ Action, cit. 10), créateur, constructeur doué de l'esprit de synthèse (→ Glaneur, cit. 3), apte aux études scientifiques. || L'homme moins émotif (→ Émotivité, cit. 1) que la femme. — L'homme a besoin d'amour (→ Abreuver, cit. 6). || « Les hommes commencent par l'amour et finissent par l'ambition » (cit. 5, La Bruyère).98 (…) je fis en sorte que la conversation tournât sur les femmes. Cela ne fut pas difficile; car, c'est, après la théologie et l'esthétique, la chose dont les hommes parlent le plus volontiers quand ils sont ivres.Th. Gautier, Mlle de Maupin, X.99 (…) ce n'est qu'un homme, capable de feindre une émotion sans doute, mais non de la dissimuler (…)Colette, la Vagabonde, p. 135.100 (…) il faut à l'homme beaucoup d'intelligence pour ne pas, avec d'égales qualités morales, rester sensiblement au-dessous de la femme.Gide, Si le grain ne meurt, I, IV.101 (…) les poupées et les soldats de plomb n'auraient-ils pas presque autant de responsabilité que les hormones dans la différenciation psychique de l'homme et de la femme ?Jean Rostand.102 L'homme et la femme sont identiques, mais longtemps encore des écrivains les décriront comme essentiellement différents. Les simplifications artificielles, les faux contrastes, les erreurs, le passé imaginaire, ont beaucoup enrichi la littérature.J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 48.102.1 Le monde appartient aux femmes, il n'y a que des femmes (…) Les hommes ? Écume, faux dirigeants, faux prêtres, penseurs approximatifs, insectes (…) Gestionnaires abusés (…) Muscles trompeurs, énergie substituée, déléguée (…)Ph. Sollers, Femmes, p. 14.b Absolt. (Un homme). Homme moralement adulte. || Il anticipe (cit. 8) sur son âge et s'improvise un homme à seize ans à peine. || Ne pleure pas ! Sois un homme ! ⇒ Adulte.103 Chez nous, dans les grands jours, les enfants sont des hommes.Hugo, les Années funestes, XVI.104 À leur tête marchait une femme (…) avec des gosses (…) deux dans les jupes, cinq et trois ans, des hommes qui ne pleuraient pas (…)Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXVI.105 Je ne suis plus un enfant, vous savez ! — Non, c'est vrai que tu es un homme; on a l'âge de sa souffrance.F. Mauriac, la Pharisienne, IX.♦ Être humain mâle, possédant les qualités de courage, de hardiesse (cit. 16), de droiture, considérées comme propres à son sexe. ☑ Ose le répéter, si tu es un homme ! (→ Dur, cit. 31). || Ce n'est pas un homme. || Parole d'homme. || Femme qui se comporte en homme. ⇒ Viril (→ Eunuque, cit. 5).106 (…) c'est la comparaison avec Mme de Staël qui cause tout cela. Le contraste entre son impétuosité, son égoïsme, sa constante occupation d'elle-même, et la douceur, le calme, l'humble et modeste manière d'être de Charlotte, me rend celle-ci mille fois plus chère. Je suis las de l'homme-femme, dont la main de fer m'enchaîne depuis dix ans, quand j'ai une femme qui m'enivre et m'enchante.B. Constant, Journal intime, mai 1807.107 (…) nous allons sortir (…) J'ai quelques explications à te demander (…) — Tu peux parler ici (…) — Non, si tu es un homme, tu sortiras seul avec moi.P. Mac Orlan, la Bandera, XVI.c Un, des hommes (qualifié). || Un homme brave, courageux, énergique, ferme. || Un homme faible, couard, lâche, mou, veule. || Homme serviable, un brave homme. || Le meilleur homme du monde. || Saint homme. || Un diable d'homme (→ Argument, cit. 15). || Un méchant homme. || Dom Juan (de Molière), « un grand seigneur méchant homme ». || Homme sans aveu, sans scrupules, malhonnête. || Homme intéressé, avare, rusé, hypocrite. || Homme infatué (⇒ Narcisse), frivole. || Homme fruste, sale, grossier. || Homme distingué, délicat. ⇒ Gentleman. || Homme séduisant. ⇒ Amadis. || Homme galant (cit. 2) et galant homme. || Homme niais, sot; intelligent, supérieur. || Savant homme. || Honnête homme (spécialt, au sens du XVIIe; ⇒ Honnête; à distinguer de : un homme honnête, malhonnête). || Homme illustre. — ☑ Loc. (XVe). Grand homme : homme célèbre, reconnu par la culture. || « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante », inscription au fronton (cit. 3) du Panthéon. — REM. Ce syntagme n'ayant pas de féminin, on peut y voir un emploi de homme au sens I, « être humain ».108 Un homme volage est un papillon; étourdi, une girouette (…) simple d'esprit, un niais (faucon au nid), un béjaune, un serin, une moule, une huître; ignorant, un âne; vaniteux, un paon; prodigue, un panier percé (…)F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 78.109 C'est un homme… qui… ha !… un homme… un homme enfin…Molière, Tartuffe, I, 5.♦ ☑ Prov. Un homme averti en vaut deux. — Syn : || Un bon averti…♦ Syntagmes. (V. 1360). || Homme de… — REM. Dans ces emplois, le sing. collectif est possible (l'homme d'action se caractérise par…). — Homme d'action (cit. 4; et → Actif, cit. 2; courtisan, cit. 5; entier, cit. 17; enviable, cit.; gifle, cit. 3). || Homme de bien (2. Bien, cit. 74; et → Ériger, cit. 10; évanouir, cit. 2; fripon, cit. 2). || Homme de mérite (→ Assidûment, cit. 1 et 4; caressant, cit. 11). || Homme de scrupule et de devoir (→ Frasque, cit. 4). || Homme de cœur (→ Empoisonner, cit. 23). || Homme d'honneur (→ Attaquer, cit. 30; autoriser, cit. 11; endroit, cit. 2). ☑ Homme de parole. ☑ Homme de confiance (→ Familiarité, cit. 1). — Vieilli. || Homme de rien, homme de peu. — Homme de peu de foi (cit. 37). || Homme de sac et de corde (cit. 9). — ☑ Loc. vieillie. Homme de Dieu. ⇒ Dévot, pieux. — Homme de génie (cit. 39, 40 et 45). || Homme de talent. || Homme de caractère (cit. 58). || Homme d'esprit (→ Absolu, cit. 4; approuver, cit. 22; gouverne, cit. 1). || Homme de goût (cit. 20; → aussi Gourmet, cit. 5). — Les Hommes de bonne volonté, œuvre de Jules Romains.d ☑ (1647). Être un homme à…, être homme à… : être capable de… (→ Gober, cit. 3).110 Puisque je passe encor pour homme à vous séduire,Venez dans la prison où je vais vous conduire (…)Corneille, Héraclius, IV, 5.111 C'est un homme à jamais ne me le pardonner (…)Molière, le Misanthrope, II, 2.112 Mais on voyait qu'il était homme à soutenir son dire.Stendhal, le Rouge et le Noir, II, VIII.e (XVe). || Homme (précédé d'un possessif), l'homme dont il est question, auquel on a affaire. || Voilà mon homme (→ Assassiner, cit. 3).113 De cette façon donc, un homme, sans avoir du cœur, est sûr de tuer son homme, et de n'être point tué.Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 2.♦ (1866). L'homme qui convient, dont on a besoin. || Le parti a trouvé son homme. || C'est votre homme. — Spécialt. Homme qui fait ce qu'on réclame de lui. || Je suis votre homme, vous pouvez compter sur moi.114 (…) rendez-lui service, soyez son homme, accueillez une plainte en faux qu'il va vous déposer contre le jeune d'Esprignon (…)Balzac, le Cabinet des antiques, Pl., t. IV, p. 439.♦ (1663). Vx. Homme qui ne cède pas, qui tient tête. || Trouver son homme. ⇒ Maître.115 Chevalier (…) tu as trouvé ton homme, ma foi !Molière, la Critique de l'École des femmes, 6.116 Je vous parle d'homme à homme, comme le premier venu arrêterait un passant pour l'avertir d'un danger grave (…)Pierre Louÿs, la Femme et le Pantin, III, p. 57.117 Il vous suffit que l'affaire s'arrange à votre convenance, correctement, moi de même. Entre nous deux, d'homme à homme, ça me va, j'ai jamais refusé le défi de personne.Bernanos, Monsieur Ouine, p. 129.g ☑ Loc. Voici l'homme, parole de Pilate livrant Jésus. ⇒ Ecce homo.118 Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : Voici l'homme.Bible (Segond), Évangile selon saint Jean, XIX, 5.3 (L'homme et la vie sexuelle). a Homme vierge. ⇒ Puceau. || Homme castré, dépouillé de sa virilité. ⇒ Eunuque (cit. 3). || Homme impuissant (→ Goujat, cit. 7), insuffisant. ⇒ Andropause. || Homme viril, de tempérament amoureux, ardent, chaud. ⇒ Coq, gaillard, lapin (chaud lapin). → 1. Froid, cit. 12. || Homme continent et chaste (→ Ardent, cit. 21). || Inversion sexuelle chez l'homme. ⇒ Homosexualité, homosexuel; fam. gay. || Homme qui préfère les hommes (⇒ Homophile, homosexuel), les jeunes garçons (⇒ Pédéraste, pédophile). || Homme qui s'habille en femme. ⇒ Travesti; fam. travelo.♦ Absolt. || Homme sexuellement actif, viril. || « Les eunuques (cit. 2) ne sont pas des hommes ». || Une femme regarde toujours un homme comme un homme (→ Amitié, cit. 12).119 (…) même dans cette amitié pure dont parle La Bruyère, n'oubliez pas qu'une femme regarde toujours un homme comme un homme (…) avoir connaissance de la contrariété des sexes, c'est nécessairement en être troublé.Léon Blum, Du mariage, p. 106.♦ Homme qui fait des avances (cit. 25) à une femme, qui courtise une femme, cherche à la séduire ⇒ Amoureux, chevalier (servant), galant, prétendant, soupirant. || Homme qui escorte une femme. ⇒ Cavalier, sigisbée (→ Auréole, cit. 9). || Homme qui convoite, désire, guigne (cit. 2) une femme. || Désir d'homme (→ Attention, cit. 28; bijou, cit. 9). || Homme entreprenant (cit. 4). || Homme qui séduit, prend, possède une femme. ⇒ Amant. || Homme qui viole une femme, une fillette. ⇒ Violeur.♦ ☑ Loc. (1837). Homme à femmes. ⇒ Don Juan, lovelace, séducteur, tombeur (→ fam. Coq de village, coqueluche des femmes). || Homme volage, infidèle (⇒ Papillon; → Cœur d'artichaut), qui trompe une femme (→ Attachement, cit. 11). || Homme débauché. || Homme asservi à une femme. || Homme qui fréquente les prostituées. ⇒ Putassier. || Homme jaloux. || Homme trompé. ⇒ Cocu. || « La femme perd ou régénère l'homme » (→ Autel, cit. 16; baptême, cit. 15). || Amitié (cit. 13 et 14) entre homme et femme. || Homme qui refuse la liberté aux femmes. ⇒ Macho, machiste, phallocrate. — Homme célibataire. ⇒ Garçon (et → ci-dessous, 6., jeune homme). || Union libre de l'homme et de la femme (→ Affranchir, cit. 4). || Homme entretenu par une femme. ⇒ Gigolo. || Homme qui vit des femmes, prostitue des femmes. ⇒ Entremetteur, maquereau, proxénète, souteneur. || L'homme et le mariage. ⇒ Époux, mari. || Homme qui épouse (cit. 5) une femme, prend femme. || Célibataires et hommes mariés. || « L'homme s'attachera (cit. 54) à sa femme et ils deviendront une seule chair » (Bible). || Homme qui engendre, procrée, a des enfants (→ Enfanter, cit. 1). || L'homme chef de famille. || L'homme dans la famille, l'homme et la parenté. || Homme veuf, divorcé. ⇒ Divorcé, veuf.120 (…) à un certain âge les femmes ne sont plus faites pour la société. Il leur reste le rôle d'amie, mais d'amie dans la retraite, recevant des confidences et donnant des conseils à l'homme dont elles sont le deuxième ou le troisième intérêt dans la vie.B. Constant, Journal intime, 9 févr. 1804.121 Chez le coquet chevalier, tout révélait les mœurs de l'homme à femmes (ladie's man) […]Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 211.122 Je vois tant d'hommes, ignobles sous tous les rapports, avoir de belles femmes dont ils sont à peine dignes d'être les laquais, que la rougeur m'en monte au front pour elles — et pour moi. — Cela me fait prendre une pitoyable opinion des femmes de les voir s'enticher de tels goujats (…)Th. Gautier, Mlle de Maupin, I, p. 59.123 Le désir de l'homme est brutal et sommaire. Celui de la femme rusé et lent, comme venant de plus loin.Léon Daudet, la Femme et l'Amour, p. 280.124 Que redoute-t-on quand un homme fixe sa vie avant d'avoir « jeté sa gourme » et « mené la vie de garçon » ? (…) On craint que la solidité du mariage ne résiste pas au déchaînement subit de l'instinct viril. Juste crainte, mais qui n'est pas moins fondée (…) pour la femme que pour l'homme.Léon Blum, Du mariage, p. 26.125 Une minute d'inattention (…) et la voilà rejetée hors de l'abri si sûr, si doux, dans la foule horrible des hommes. Les hommes ! (…) Elle n'en redoute aucun en particulier, mais l'idée de leur nombre, de leur puissance, de leur grossière complicité l'épouvante. Gros visages, regards cyniques et ce qu'elle hait par-dessus tout… le sourire blême et sournois du désir (…)Bernanos, Monsieur Ouine, p. 115.126 (…) l'humeur sensuelle de l'homme est une saison brève, dont le retour incertain n'est jamais un recommencement.Colette, la Chatte, p. 136.127 (…) en matière sexuelle le vrai plaisir et le vrai besoin sont pour les hommes (…) le rôle de la femme étant surtout fait de complaisance.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 267.128 Et quel fat ! Il croit que toutes les femmes veulent se jeter à son cou. Voilà bien les hommes. On leur parle amitié : ils comprennent sexe. Ensuite, ils nous reprochent de ne penser qu'à ça.Montherlant, les Jeunes Filles, p. 114.128.1 Car si les hommes se conduisent mal avec les femmes, c'est parce qu'ils ont peur d'elles.Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 85.129 Michèle est une fille qui aime l'homme. Voilà ce qu'il y a.F. Mauriac, la Pharisienne.130 Ce n'est pas seulement un plaisir subjectif et éphémère que l'homme cherche dans l'acte sexuel. Il veut conquérir, prendre, posséder; avoir une femme, c'est la vaincre (…) Il la fait sienne comme il fait sienne la terre qu'il travaille (…) il laboure, il plante, il sème : ces images sont vieilles comme l'écriture.S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe, I, p. 49.b (1050; avec un possessif). Homme qui vit avec (une femme). ⇒ Amant, mari; fam. jules, mec, mecton, régulier, type. || C'est son homme. || Mon homme. || Une brave femme et son homme (→ Grouiller, cit. 3). || Mon homme, titre d'une chanson de Jacques-Charles et A. Willemetz (musique de M. Yvain), créée par Mistinguett en 1920.131 (…) il avait deux femmes, une à chaque bout de la ligne, sa femme à Paris pour les nuits qu'il y couchait, et une autre au Havre pour les heures d'attente qu'il y passait, entre deux trains (…) Victoire (sa femme légitime) veillait sur son linge, car il lui aurait été très sensible que l'autre l'accusât de ne pas tenir leur homme proprement.Zola, la Bête humaine, III, p. 80.132 (…) elle n'avait pas trouvé dans le mariage les joies violentes qu'elle s'y était promises. La politique et l'ambition lui avaient arraché son homme de fort bonne heure.Aragon, les Beaux Quartiers, I, VIII.133 La Marie vit son homme (…) elle comprit qu'il avait bu et qu'il allait cogner.Sartre, le Sursis, p. 125.134 « Voilà mon homme ». Elle se leva pour aller au-devant de son ami qui entrait dans le restaurant.P. Mac Orlan, la Bandera, III.135 Se loger et nourrir un homme, vous vous rendez compte. Avec ça il me faut du linge, des bas de soie, et lui, Fernando, il s'habille aussi. C'est qu'il est coquet, il faut voir. Au moins s'il voulait s'occuper. Je connais des femmes, leurs hommes, ils s'arrangent, ils font de l'arnaque au marché noir.M. Aymé, le Passe-muraille, « En attendant », p. 262.136 — Je peux pas tout de même vous maquer toutes ! Merde !… (…) Il refusait les femmes. Angèle elle avait du sourire, elle le trouvait comique son homme avec ses clameurs. Une femme sérieuse son Angèle, sa vraie (…)Céline, Guignol's band, p. 58.REM. Malgré sa fréquence, notamment dans la langue pop. et fam., cet emploi n'est pas lexicalisé au même niveau que femme au sens d'« épouse ».♦ ☑ Loc. C'est l'homme de sa vie, l'homme qui compte le plus dans sa vie (à propos d'une femme). ⇒ Amour (grand amour).4 a L'homme (un homme; des, les hommes) dans la société (considéré, soit par rapport aux femmes, soit dans leurs rapports entre eux). || L'homme (un homme) et sa fonction, et son métier. || Écoles, activités, métiers réservés aux hommes. || C'est un métier d'homme, seuls les hommes peuvent (doivent…) le pratiquer.♦ Place, rôle de l'homme dans la société. ⇒ Sexe (fort); → ci-dessus, I. (cit. 1). || Domination de l'homme sur la femme. || Asservissement de la femme par l'homme. || Rivalité, égalité de l'homme et de la femme (cit. 23 et 61). ⇒ Féminisme (cit. 3).137 Ce n'est point à la femme à prescrire, et je sommes (suis)Pour céder le dessus en toute chose aux hommes.Molière, les Femmes savantes, V, 3.138 Les hommes sont cause que les femmes ne s'aiment point.La Bruyère, les Caractères, Des femmes, 55.139 (…) à quelque cause que les hommes puissent devoir cette ignorance des femmes, ils sont heureux que les femmes, qui les dominent d'ailleurs par tant d'endroits, aient sur eux cet avantage de moins.La Bruyère, les Caractères, De l'homme, 49.140 Les femmes ne sont pas, à beaucoup près, aussi fortes que les hommes, et le plus grand usage ou le plus grand abus que l'homme ait fait de sa force, c'est d'avoir asservi et traité souvent d'une manière tyrannique cette moitié du genre humain (…) chez les peuples policés, les hommes, comme les plus forts, ont dicté des lois, où les femmes sont toujours plus lésées, à proportion de la grossièreté des mœurs (…)Buffon, Hist. nat. de l'homme, Âge viril.141 La femme est faite pour un homme, l'homme est fait pour la vie et notamment pour toutes les femmes.Montherlant, les Jeunes Filles, p. 173.142 La femelle est plus que le mâle en proie à l'espèce; l'humanité a toujours cherché à s'évader de sa destinée spécifique; par l'invention de l'outil, l'entretien de la vie est devenu pour l'homme activité et projet, tandis que dans la maternité, la femme demeurait rivée à son corps, comme l'animal. C'est parce que l'humanité (…) préfère à la vie des raisons de vivre, qu'en face de la femme, l'homme s'est posé comme le maître.S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe, I, p. 113.143 Économiquement, hommes et femmes constituent presque deux castes, toutes choses égales, les premiers ont des situations plus avantageuses, des salaires plus élevés, plus de chances de réussite que leurs concurrentes de fraîche date; ils occupent dans l'industrie, la politique, etc., un beaucoup plus grand nombre de places et ce sont eux qui détiennent les postes les plus importants. Outre les pouvoirs concrets qu'ils possèdent, ils sont revêtus d'un prestige dont toute l'éducation de l'enfant maintient la tradition : le présent enveloppe le passé, et dans le passé toute l'histoire a été faite par les mâles.S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe, I, p. 21.143.1 Entre le Monsieur et l'Homme, il y a des degrés : l'homme mal vêtu, l'homme à demi vêtu (…) en chemise, en haillons (…) en costume de bain.Valéry, Suite, p. 56.b En appellatif. Vx. || L'homme !, appellation condescendante. || Holà, ho, l'homme ! (Molière, Dom Juan, III, 1).c Homme de… (suivi d'un nom, formant des syntagmes plus ou moins lexicalisés, dont certains sont de véritables noms composés).♦ (XVIIe; situation). Anciennt. || Homme de qualité, homme de condition. ⇒ Gentilhomme, grand, noble. — Vieilli. || Homme de cour (→ Faveur, cit. 5). ⇒ Courtisan.♦ Vx. || Homme du commun. — Mod. || Homme du peuple. ⇒ Ouvrier, paysan, prolétaire (→ Assurer, cit. 23; bout, cit. 45; frelater, cit. 3). — ☑ (1935; l'homme dans la rue, 1931; adapt. de l'angl. the man in the street, 1931). L'homme de la rue (collectif seulement) : l'homme moyen, « quelconque » (cf. ital. l'uomo qualunque). → Boursicoter, cit. 2; espèce, cit. 19; extrapolation, cit. 1.♦ ☑ Loc. Faire l'homme d'importance. — ☑ L'homme du jour, celui qui a la notoriété du moment.♦ (1640; fonctions). || Homme d'État : dirigeant politique important. ⇒ État (→ Charge, cit. 24; efforcer, cit. 6; égérie, cit. 2; empressement, cit. 11).♦ (1636). Vieilli. || Homme de robe : magistrat (→ Anoblir, cit. 1; capitan, cit.). — (1718). Mod. || Hommes de loi : magistrats, mais aussi avocats, avoués, huissiers, juristes, légistes, officiers ministériels (→ Envers, cit. 12). || C'est un homme de loi.♦ (1690). || Homme d'affaires (cit. 61 et 61.1) : (anciennt) financier, intendant, traitant; (mod.) homme ayant une fonction de direction ou de décision dans l'économie privée. ⇒ Business-man, cadre, directeur, P.-D. G. (→ Absent, cit. 7; assez, cit. 47; fleur, cit. 15). || Un homme et une femme d'affaires.♦ Homme de finance (cit. 4) : financier.♦ (1690). || Homme d'église : ecclésiastique.♦ Vx. || Homme de cheval : cavalier.♦ (1659). Vx. || Homme d'épée : soldat, militaire de carrière (→ Esprit, cit. 98; furieux, cit. 7). — (1530). || Homme de guerre. ⇒ Guerrier, militaire (→ Commerce, cit. 17; engager, cit. 17).♦ Vx. || Homme d'armes : soldat, militaire.♦ (1690). Vx. || Homme de mer. ⇒ Marin, matelot. — Mod. || Homme d'équipage (→ Albatros, cit. 1; galion, cit. 2). — Homme de poste. — Homme de quart. || Homme de barre (→ Gâter, cit. 6), de vigie. — REM. Ces valeurs sont en rapport avec celle de homme, 7., b, « simple soldat ».♦ (1580). || Homme de lettres. ⇒ Écrivain, lettre (IV., 2.). → Alliance, cit. 13; bon, cit. 27; clarté, cit. 13; cotisation, cit. — Homme de plume. — Homme de théâtre.♦ Homme de science : savant, scientifique, chercheur.♦ Vx. || Homme de cabinet : homme qui étudie.♦ Homme de l'art : technicien confirmé; spécialt, médecin. || Il va falloir recourir à l'homme de l'art.♦ (1606). Vx. || Homme de métier : artisan, technicien.♦ Homme d'équipe : ouvrier, manœuvre travaillant en équipe (→ Fréter, cit. 4).♦ Homme de garde : gardien, surveillant (→ Bord, cit. 5; gros, cit. 12).♦ Homme de peine : homme chargé des gros travaux (→ Assistant, cit. 5).♦ ☑ Loc. fig. Homme de paille (cit. 12) : prête-nom (→ Consort, cit. 1; opération, cit. 10). ☑ Homme de main.♦ (1972; d'après femme de ménage). || Homme de ménage : homme qui fait des travaux de ménage.143.2 Puis ce fut un cadre en chômage, amer. Fusion, licenciement, course à l'emploi, où il a fini par être homme de ménage.F. Giroud, in l'Express, 23 oct. 1972, no 111, 5 57.➪ tableau Noms de métiers.♦ L'homme à, aux… (spécifiant un individu qu'on ne nomme pas). || L'Homme au gant (sujet de tableau). || L'homme aux quarante écus, conte de Voltaire.e (1552, R. Estienne). || Homme (suivi d'un adj., formant un syntagme du même type qu'en c ou d). || Un homme politique (cit. 7 et 8). || L'homme public et l'homme privé. || L'homme blanc.REM. Certains de ces syntagmes correspondent à l'équivalent formé avec femme.5 (Considéré selon son âge). || Les âges, les époques de la vie de l'homme. ⇒ Enfant, garçon; adolescent; vieillard. || Homme fait (→ Assemblage, cit. 15; faire, cit. 265 et 266), homme mûr (→ Circonspect, cit. 4; composer, cit. 4). || Homme encore jeune. || Homme dans la force de l'âge (cit. 6). || Homme d'un certain âge. || Homme âgé. || Vieil homme (→ Gangué, cit.). ⇒ Vieillard, vieux. — Homme en âge de se marier, en âge (cit. 61) de combattre.144 Il le trouva beau, noble, distingué, grandi, homme fait (…)Hugo, les Misérables, IV, VIII, VII.144.1 Avant Zelten, j'avais eu des amis, mais qui alternaient tous dans cet ordre : un homme mûr, un tout jeune homme, un homme mûr, un tout jeune homme. Jamais un homme de mon âge. Tous les dix-huit mois, j'étais assurée de regagner (…) la barbe blanche des collectionneurs d'Outamaro et de Van Goyen, pour retomber, au bout de dix-huit mois à l'extrême jeunesse et aider mon ami à préparer son bachot.Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 61.145 L'essence même du mariage tel qu'il est institué dans nos mœurs est d'unir une fille vierge à un homme déjà fait (…)Léon Blum, Du mariage, p. 87.146 Les hommes mûrs et les jeunes gens sont forts, parce qu'ils sont égoïstes et ne croient pas l'être. Ils mettent leur amour de soi-même jusque dans la foi, les idées et le sacrifice.André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI.147 À force de ramper le long des meubles (…) le petit homme sait marcher (…)G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, III, I.♦ Absolt. Homme adulte, par oppos. à enfant, adolescent. || Parvenir à l'âge d'homme (→ Astrologue, cit. 3). || Quand tu seras un homme. || Se faire homme.148 Enfant, homme, vieil (vieux), j'ai toujours cru et jugé de même.Montaigne, Essais, I, XXVI.149 Mes premiers vers sont d'un enfant,Les seconds d'un adolescentLes derniers à peine d'un homme.A. de Musset, Premières poésies, Au lecteur.150 Le goût que les femmes ressentiront (…) pour l'ignorance des garçons, les hommes ne sont pas sans l'éprouver pour l'innocence des filles.Léon Blum, Du mariage, p. 97.151 (…) l'âge où l'adolescent se fait homme, est celui des ambitions qui se fixent, des perspectives qui se dessinent. On y sent le plus vivement ce qui doit devenir la qualité maîtresse qu'on pourra manifester et que l'on devra développer, utiliser le plus possible.Valéry, Variété V, p. 222.6 (XVIe). || Jeune homme : homme jeune. a Vx. || Un jeune homme et sa femme (→ Cahoter, cit. 2, Voltaire). — Un vieillard n'a plus des jambes de jeune homme (→ Cachet, cit. 7). — Mod. (Littér.). || Des jeunes hommes (→ Ascension, cit. 10; bordée, cit. 4). || Le Vieillard et les trois jeunes hommes, fable de La Fontaine (XI, 8). || Suzanne et les jeunes hommes, roman de Duhamel (dans la série les Pasquier).152 On me dit fort que tous les jeunes hommes sont des trompeurs (…)Molière, l'École des femmes, III, 4.153 Contre elle (la jeunesse), les malheurs, les soucis, le contact qu'ils mènent pour vivre protègent les ouvriers de vingt ans, qui « ont déjà des maîtresses ou des femmes, des enfants, un métier (…) une vie enfin », qui deviennent, au sortir de l'adolescence, de jeunes hommes, sans être jamais des « jeunes gens ».Sartre, Situations I, p. 27.b Cour. Garçon pubère, homme jeune célibataire. ⇒ Adolescent, garçon, gars; damoiseau, éphèbe, jouvenceau (→ Âge, cit. 6; ardent, cit. 19; arrangement, cit. 14). — REM. En ce sens, jeune homme correspond à jeune fille et a pour pluriel courant jeunes gens, qui s'emploie également pour un groupe de personnes jeunes, garçons et filles (→ Gens). — Un jeune homme de vingt ans. || Un tout jeune homme, qui sort à peine de l'enfance. || Un grand jeune homme, qui n'est plus un enfant. || Timidité, gaucherie de jeune homme. || Jeune homme naïf. ⇒ Béjaune, coquebin. || Jeune homme galant. ⇒ Dameret, mirliflore. || Jeune homme fortuné (→ fam. Fils à papa). || Camaraderie, flirt entre jeune homme et jeune fille. || Jeune homme sursitaire qui fait son service militaire avec des gens plus jeunes que lui. || Un vieux jeune homme : un homme qui n'est visiblement plus jeune et qui garde des traits, une allure de jeune homme. — REM. Jeune homme est considéré tantôt comme un nom accompagné d'une épithète (un tout jeune homme), tantôt et le plus souvent comme un véritable nom composé (un grand jeune homme).154 À tout âge, les choses inconnues causent des terreurs involontaires. Le jeune homme est comme le soldat qui marche contre des canons et recule devant des fantômes. Il hésite entre les maximes du monde; il ne sait ni donner ni accepter, ni se défendre ni attaquer, il aime les femmes et les respecte comme s'il en avait peur; ses qualités le desservent, il est tout générosité, tout pudeur, et pur des calculs intéressés de l'avarice; s'il ment, c'est pour son plaisir et non pour sa fortune; au milieu de voies douteuses, sa conscience, avec laquelle il n'a pas encore transigé, lui indique le bon chemin, et il tarde à le suivre.Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 477.155 Le jeune homme est souvent sot et timide.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 198.155.1 Gilberte de Saint-Loup me dit : « Voulez-vous que nous allions dîner tous les deux seuls au restaurant ? » Comme je répondais : « Si vous ne trouvez pas compromettant de venir dîner seule avec un jeune homme », j'entendis que tout le monde autour de moi riait, et je m'empressai d'ajouter : « ou plutôt avec un vieil homme ». Je sentais que la phrase qui avait fait rire était de celles qu'aurait pu, en parlant de moi, dire ma mère, ma mère pour qui j'étais toujours un enfant.Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 931.156 (…) ce garçon, il faut comprendre qu'il est désormais un homme. La voix est grave et mâle; mais, à tout instant, elle a des inflexions naïves et presque puériles (…) Matin et soir, quand Antoinette Baudoin embrasse Hubert, au vol, car le jeune homme, à peine saisi, déjà rêve et s'échappe, la mère dit en souriant : « Vraiment, tu commences à piquer ! »G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, XIV.157 (…) la première maîtresse d'un jeune homme, signifie d'ordinaire un abaissement de l'intelligence et du caractère, quand ce n'est pas de la santé. Un garçon, pour sa promotion à l'homme, n'aurait pourtant que la maîtresse, s'il n'y avait pas le sport (…)Montherlant, les Olympiques, Préface.158 (…) cet âge où, encore pensionné et nourri par ses parents, le jeune homme, inutile et sans responsabilité, gaspille l'argent de sa famille, juge son père et assiste à l'effondrement de l'univers sérieux qui protégeait son enfance.Sartre, Situations II, p. 186.d (XXe). || Jeune homme s'emploie pour nommer, appeler un enfant, un adolescent de la classe moyenne, bourgeoise, trop jeune pour qu'on lui dise « Monsieur ». ⇒ Petit. || Que veut ce jeune homme ? — En appellatif. || Eh, jeune homme, vous pourriez dire merci ! || Dites-donc, jeune homme ! — Prononc. pop. ou plaisante : [ʒynɔm].7 a (1080). || Homme, considéré comme dépendant d'un autre, comme étant soumis à son autorité. — (XIIe). || Homme lige. ⇒ Vassal. || Serment qui lie l'homme, l'homme lige au seigneur. ⇒ Hommage.159 C'est ainsi que, dans les Niebelungen, Siegfried devient vassal du roi Gunther en combattant pour lui. Dans les idées du moyen âge Harold s'était donc fait l'homme de Guillaume.Michelet, Hist. de France, IV, II.160 Je suis ton homme lige, et, toujours, n'importe où,Je te suivrai, mon maître, et j'aimerai ta chaîne,Et je la porterai.Hugo, la Légende des siècles, XVIII, « Les conseillers ».161 (…) un personnage qu'il (le vassal) appelait aussi son maître et son seigneur et dont il se disait l'homme.Fustel de Coulanges, Hist. des institutions politiques, p. 590.b Exécutant, militaire ou civil, dans une hiérarchie, une équipe. || Trente mille hommes en bataille (cit. 19) rangée. ⇒ Soldat. || Le caporal et ses hommes (→ Guitoune, cit. 2). || Entraîner, lancer ses hommes à l'attaque (→ Faire, cit. 136; général, cit. 19). || Équipage de six hommes, dans un avion. || L'expédition a perdu deux de ses hommes. || Entrepreneur, contremaître, chef de chantier et ses hommes. ⇒ Ouvrier (→ Grève, cit. 10).162 (Me) Fournir en un moment d'hommes et d'attirail.Molière, l'Étourdi, III, 5.163 À l'avant, les hommes du Primauguet boivent et chantent avec les baleiniers.Loti, Mon frère Yves, LXXXVII.164 Gilieth déploya ses hommes en tirailleurs à dix pas.P. Mac Orlan, la Bandera, XI.165 J'ai tutoyé pendant la guerre, presque tous les blessés qu'il m'a été donné d'assister, quand ces blessés étaient ceux qu'en style militaire on appelle simplement « des hommes ».G. Duhamel, Récits des temps de guerre, V, Mémorial de Cauchois.166 La salle de police des « hommes » est pleine. On va vous mettre dans la salle des sous-officiers. Justement il n'y a personne.A. Allais, Contes et Chroniques, p. 64.♦ (En organisation industrielle du travail). || Homme-heure (jour, semaine, etc.) : quantité de travail produite par une personne en une heure (en un jour, en une semaine, etc.).❖CONTR. Femme.DÉR. Hommage, hommasse.COMP. Bonhomme, gentilhomme, prudhomme, sous-homme, suivez-moi-jeune-homme, surhomme. — Homme-affiche, homme-grenouille, homme-mort, homme-oiseau, homme-orchestre, homme-réclame, homme-robot, homme-sandwich. — V. Homme-.
Encyclopédie Universelle. 2012.